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« OGL-Gate », le jeu de rôle en panique juridique ?

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Le but de cet article n’est pas de vous présenter un jeu, mais de vous informer d’un grand changement qui affole la société roliste. OGL est un acronyme pour « Open Game License » ou parfois traduit en français par « Licence ludique libre« . Il s’agit d’une licence créée dans les années 2000 par la société américaine Wizards of the Coast permettant à quiconque d’utiliser gratuitement son jeu de rôle basé sur le Système d20 lorsque les termes de la licence sont respectés.

En bref, tout créateur pouvait écrire ou produire du matériel, des quêtes, des suppléments de règles, etc. basés sur ce système de jeu et les commercialiser sans payer Wizards of the Coast. Cela a permis au système d20 de supplanter les autres systèmes apparus depuis 2000.

Cependant, grâce à une fuite, nous savons que la marque et les actionnaires de Wizards of the Coast ont voulu faire évoluer la licence actuelle (version 1.0) et la rendre plus rentable (version 1.1).

Où se trouve l’OGL ?

Que vous soyez un joueur expérimenté ou un amateur, vous connaissez l’OGL 1.0. On la trouve souvent à la fin de votre livre de jeu de rôle (Role’n Play, Pathinder, Cthulhu, …) ou sur certaines plateformes informatiques (comme Foundry) ou dans certains jeux vidéo (comme dans Star Wars Old Republic). Si vous jouez dans un système avec des dés, des classes (guerrier, druide, …), des races (gobelins, …), vous êtes certainement dans l’OGL sans le savoir.

OGL version 1.0 du Livre du joueur de Role’n Play, page 312 (Un article sur Role’n Play sera publié bientôt).

Quelles sont les perturbations dans la force ?

Il y a 5 éléments majeurs dans la fuite de l’OGL1.1 qui sont très problématiques :

  • La licence OGL 1.0 est révoquée pour tous. Il est obligatoire d’utiliser la version 1.1 même si l’ancienne licence était perpétuelle, mondiale et non exclusive. En mettant fin à la licence OGL d’origine, de nombreux éditeurs sous licence devront revoir complètement leurs produits et leur distribution pour se conformer aux règles actualisées.
  • Contre la violation des droits d’auteur des créateurs, si vous utilisez le système d20, Wizards of the Coast peut récupérer votre contenu et l’utiliser à ses propres fins sur une base perpétuelle, irrévocable, mondiale, sous-licenciable et libre de droits. Votre contenu ne vous appartient plus.
  • Vous renoncez à votre droit de poursuivre Wizards of the Coast pour ce qui est écrit dans l’OGL 1.1.
  • Wizards of the Coast peut modifier ou résilier ce contrat pour n’importe quelle raison, moyennant un préavis de trente jours. 
  • L’OGL n’est plus gratuite et des redevances seront facturées en fonction de la taille de l’entreprise (25% pour les créateurs de contenu gagnant plus de 750 000 $/an) et de la nature des projets (20% pour les projets Kickstarter).

Les conséquences du 1.1

La plus importante est que tous les éditeurs ont désormais peur de créer du contenu sur Donjons et Dragons sous peine d’être poursuivis en justice. Vous verrez probablement vos éditeurs poster des messages de révolte ou demander de l’aide parce que toute leur activité est désormais en péril. 25%, ce sont des frais généraux énormes dans la période de crise actuelle.

Par ailleurs, de nombreux outils numériques sont en danger de disparition. Nous pensons notamment à Foundry avec son merveilleux système de jeu en ligne (qui permet de faire sa carte dans l’application, d’introduire des monstres de Donjons et Dragons version 5.0, …) ou encore à l’un de mes sites de référence préférés, Aidedd.

Sans compter que nous sommes certains que les Kickstarter actuels perdront beaucoup de marge de manœuvre, ce qui facilitera leur annulation. Cela va étouffer la créativité et rendre les jeunes créateurs réticents à se lancer dans cette merveilleuse aventure.

L’histoire ne s’arrête pas là

Avec cette fuite d’informations, la communauté roliste est en émoi. Nous nous sentons trahis et considérés comme une tirelire à vider. Nous pensons tous à nos créateurs de contenu préférés et une révolte est en cours, prête à aller au tribunal.

Cela a entraîné une chute des actions de Wizards of the Coast et, surtout, sa marche arrière pour tenter de rattraper son erreur sans vraiment l’annuler.

  • Wizards of the Coast accuse la communauté des rôlistes de crier fort dans le but d’essayer de semer le chaos dans le monde des jeux de rôle.
  • Ils prétendent que la version 1.1 n’était qu’un « brouillon ». Cependant, personne n’est dupe quand on voit un document aussi bien finalisé avec des annexes comprenant des contrats que chaque éditeur devait signer dans les 7 jours ouvrables sous peine de litige futur.
  • Ils mentionnent que les droits d’auteur n’ont pas été violés et qu’ils comptaient demander la permission du créateur pour utiliser leur contenu. Cependant, le document mentionne également que s’il est signé par le créateur, celui-ci donne de facto son accord pour donner son travail à Wizards of the Coast.

Toutefois, il faut noter qu’il n’y a pas encore de publication officielle d’un nouvel OGL. Nous pouvons donc encore attendre quelques étapes dans cette nouvelle saga.

La résistance continue le combat

Après cette trahison et même si Wizards of the Coast tente de revenir complètement en arrière, les créateurs de contenu ne leur font plus confiance. C’est pourquoi, Paizo Publishing crée une nouvelle licence libre, perpétuelle, irrévocable et neutre en termes de règles. Elle est associée et soutenue par plusieurs autres éditeurs dans ce projet (Black Book Editions, Kobold Press, Green Ronin, Chaosium, …).

License ORC de Paizo Publishing

La « licence ORC » ou « Open RPG Creative Licence » n’appartient à aucun éditeur et sera totalement neutre. Chacun pourra l’utiliser pour créer du contenu sans craindre d’être poursuivi en justice.

Par ailleurs, tous les influenceurs demandent à leurs followers de réagir à cette action de Wizards of the Coast et certainement avec le #OPENDND. D’autres demandent encore de ne plus suivre DnD Beyond sur les réseaux sociaux.

Ma résistance personnelle

Il est souvent difficile de connaître le potentiel de nos actions face à une entreprise aussi importante que Wizards of the Coast. Cependant, notre voix doit être entendue et j’invite tous nos lecteurs à faire de même. Non seulement vous devez faire part de votre mécontentement sur leur réseau (signer la pétition #OPENDND) mais surtout soutenir vos créateurs et éditeurs préférés. Ce sont des entreprises et des familles qui sont mises en danger par cette éventuelle décision. Des jeux une fois soutient ardemment nos créateurs de jeux qui nous font rêver et notamment Black Book Edition que je suis personnellement depuis très longtemps.

La meilleure façon de le faire est de continuer à acheter leur contenu, à commenter leur travail et à les encourager à continuer. Ce sera un combat long et difficile, mais ce sera une aventure épique comme nos histoires.

Pétition de #OPENDND

Sources :

Auteur / autrice

Commentaires

Seb
14/01/2023 à 19 h 20 min

Très bel article montrant comment des société essaye d’avoir le monopole. Très dommage pour les joueurs et les fans du système (et non pas de la société créatrice en elle même). Ça va rebuter les gens, amener au boycot et le jdr ne sera plus accessible qu’à des niches de joueur. Les novices et néophytes seront en passe de ne plus vouloir accéder au jeu car trop « monopolisé ».



    Jean-Alain
    28/01/2023 à 12 h 18 min

    Bonjour Seb, Merci beaucoup ton message. Je suis totalement d’accord avec toi.
    Pour info, depuis aujourd’hui, la saga a continué et je suis en train d’écrire la conclusion de cette grande saga. 🙂
    Affaire à suivre.



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