Coups de Cœur

Yamataï

Il est sorti depuis peu : Yamataï ! De Bruno Cathala et Marc Paquien, j’imagine que vous en avez
plus que certainement déjà entendu parler… Il est assez rare que notre cher Bruno sorte un jeu dans le silence. Il faut dire ce qui est, il nous révèle bien souvent de réels succès.

La petite histoire…

« La reine Himiko a confié une mission prestigieuse à tous ses bâtisseurs : faire de la capitale de Yamataï la perle du royaume. À vous de prendre l’ascendant sur vos concurrents pour construire la plus belle cité en utilisant les ressources apportées par les flottes qui sillonnent l’archipel. Préparez votre stratégie, recrutez des spécialistes, et faites ce qui est nécessaire pour gagner les faveurs de la reine Himiko. Mais surveillez bien vos adversaires, car au final, seul l’un d’entre vous sera reconnu comme le plus grand bâtisseur du royaume de Yamataï ! »

Quel est le but du jeu ?

Je ne serais pas très originale en vous disant que le gagnant sera celui qui aura réussi à accumuler le plus de points de prestige…
Vous aurez pour cela 4 possibilités ; construire des Bâtiments, récolter des pions Prestige, récolter de l’argent, et recruter des Spécialistes.

Bon, comment ça marche ?

Le plateau personnel vous rappelle très bien les actions possibles et dans quel ordre les effectuer

Plateau personnel

1/ Choisir une tuile Flotte :
Elles sont numérotées de 1 à 10, à chaque manche, 5 tuiles seront visibles. Si vous choisissez la numéro 1, l’action ne sera pas très intéressante, mais vous aurez la possibilité d’être premier à jouer lors du tour suivant. A l’inverse, si vous choisissez la numéro 10, l’action sera fort intéressante, mais vous serez dernier à jouer au tour suivant. De 2 à 9, c’est tout pareil, plus le chiffre est élevé, plus l’action est intéressante.
Leurs pouvoirs sont divers et varié, je vous détaille ceux illustrés ci-dessous.

Les tuiles Flottes disponibles lors de ce tour et l’ordre de jeu (coquillage)

4 – Prenez un bateau rouge + déplacez le bateau de votre choix d’une case
9 – Prenez un bateau noir et un bateau brun + si vous construisez un Bâtiment sur ce tour, une condition de victoire en moins est requise
10 – Prenez un bateau rouge, un brun, et un de la couleur de votre choix
6 – Prenez un bateau vert et un bateau brun + vous pouvez échanger de place 2 jetons Culture
1 – Prenez un bateau vert (eh oui, pas super intéressant, mais vous serez ainsi premier joueur au prochain tour ;))

Lors du tour précédent, Bleu a joué les tuiles 3 et 8, Orange a joué les tuiles 5 et 7, voici donc l’ordre de jeu pour cette manche

Parmi les 5 autres pouvoirs, vous pourrez supprimer 2 bateaux mis en jeu, réserver une tuile Bâtiment, placer un jeton Sanctuaire, regarder les 3 premières tuiles Bâtiments et les redisposer si vous le souhaitez, ou encore échanger la position de 2 bateaux de votre choix mis en jeu.



Jeton Sanctuaire :
Prendre la tuile 5 vous permet de prendre, et de poser lors de ce tour un jeton Sanctuaire sur une île vide.
Celui-ci aura pour effet de bloquer l’île, plus personne ne pourra construire dessus (sauf si vous possédez le Spécialiste qui vous permettra de payer 2 pièces pour défausser ce jeton ;)).


2/ Acheter ou vendre un bateau :
Une fois par tour, vous aurez la possibilité d’acheter OU de vendre un, et un seul bateau.
Vous constaterez que les bateaux jaunes (qui sont d’ailleurs plus rares que les autres) ne se vendent ni ne s’achètent, sauf bien sur si vous arrivez à mettre la main sur le Spécialiste qui vous permettra de contourner cette règle 😉

3/ Placer vos bateaux puis construire un Bâtiment OU défricher une île :
Les bateaux que vous avez choisis et que vous poserez permettent soit de défricher une île pour ramasser les jetons Culture qui s’y trouvent, soit de construire un bâtiment sur une île vide…
Vous l’aurez compris, il faudra donc d’abord défricher les îles pour pouvoir y construire un bâtiment ! Info : défricher = ramasser un/des jetons Culture, tout simplement 😉
Une fois placés sur le plateau, les bateaux appartiennent à tout le monde.
N’importe quel joueur pourra les utiliser pour la construction.
Vous pouvez placer les bateaux que vous venez de récupérer depuis la réserve, mais aussi ceux de votre port (emplacement 4 sur votre plateau, j’y reviens juste après).

Lorsque vous placez les bateaux sur le plateau, vous devez respecter ces deux contraintes, qui font toute la subtilité du jeu…
Le premier bateau que vous posez doit soit :
– Etre posé sur un des 5 emplacements de départ, peu importe sa couleur ;
– Etre posé sur un emplacement libre, juste à côté d’un bateau déjà posé de la même couleur.
Ceci vaut pour le premier bateau que vous posez, la couleur des suivants n’a pas d’importance.
Il est juste important que tous les bateaux que vous poserez, s’ils sont plusieurs, forment une chaîne, pas d’écart possible entre ceux-ci.


Construire un Bâtiment :
Pour construire un Bâtiment, les bateaux nécessaires à sa construction – c’est-à-dire les couleurs des bateaux qui figurent sur la tuile Bâtiment, peu importe l’ordre des bateaux, et peu importe si d’autres inutiles à sa construction entourent aussi l’île – doivent être adjacents à l’île vide où vous voulez le construire, et ce même si vous n’êtes pas le joueur qui les a placés, et même si aucun des bateaux que vous avez placés ne sert à sa construction.

Tuiles Bâtiments

Donc, vous pouvez construire ce Bâtiment sur toute île vide du plateau adjacente à au moins un des bateaux que vous avez placés lors de ce tour.
Prenez la tuile Bâtiment correspondante et placez-la face cachée devant vous, las bateaux posés, eux, restent en place.

Placez alors un de vos bâtiments standard sur l’île pour représenter cette construction.
S’il s’agissait d’un bâtiment de prestige (torii ou palais, les tuiles sont alors rouges plutôt que bleues), ne placez pas de bâtiment standard, mais utilisez directement une figurine de torii ou palais

Placement d’un bâtiment bleu qui agrandit un groupe

Info : au début de la partie, 5 tuiles Bâtiments sont visibles – On remplace
les tuiles prises uniquement au début de chaque nouvelle manche.

Quelques petits détails à préciser :
– Si vous construisez sur une montagne, prenez un jeton Prestige
– Si vous construisez un bâtiment standard à côté d’un torii ou d’un palais, prenez un jeton Prestige
– Si vous construisez à côté d’au moins un de vos bâtiments, vous formez alors (ou augmentez) un groupe, ce qui vous permet de prendre 1 pièce pour chaque bâtiment qui forme ce groupe.

Par exemple, sur l’image ci-dessus, je pose mon bâtiment bleu qui agrandit un groupe, 5 bâtiments forment maintenant une chaîne, je prends donc 5 pièces. Aussi, je pose mon bâtiment à côté d’un torii, ce qui me permet de prendre un pion Prestige.

Défricher une île (ou prendre un jeton, c’est plus facile à dire :p) :
Chaque bateau posé lors de ce tour vous permet de prendre un jeton Culture adjacent à chaque bateau posé, s’il y en a un.
Les jetons Culture vous serviront à acheter des Spécialistes à la fin de votre manche, j’y reviens plus loin.

4/ Mettre les bateaux inutilisés de côté :
Le port (emplacement 4 sur votre plateau personnel) vous permet de stocker à la fin de chaque manche un bateau.
S’il vous en reste plus d’un, vous devrez mettre le/les supplémentaires de côté, ils ne peuvent plus être utilisés.
À la fin de la partie, vous perdrez un point de prestige pour chaque paire de bateaux mise de côté, quelles que soient leurs couleurs.

Quelques Spécialistes

5/ Acheter un Spécialiste :
Pour 2 jetons Cultures identiques ou 3 jetons Cultures différents, vous
pouvez acheter un Spécialiste visible.
Les Spécialistes, c’est un peu l’équivalent des Djinns dans Five Tribes, ils vous donneront toutes sortes d’avantages, de pouvoirs. Et bien sûr, des points de Prestige (enfin, pas toujours)

Par exemple…
Hetsuka : Défaussez un jeton Culture pour prendre 4 pièces.
Kachiku : Payez 2 pièces pour défausser un jeton Sanctuaire placé sur le plateau.
Susanoo : Vendez un bateau noir pour 6 pièces (au lieu de 3) ou un bateau rouge pour 7 pièces (au lieu de 4).
Raijin : Défaussez 2 bateaux pour en prendre un jaune.

Info : veuillez à bien lire le pouvoir de chaque nous Spécialiste qui apparait !
Par exemple Awashima : Lorsque vous construisez un bâtiment de prestige, recevez les mêmes bonus que s’il s’agissait d’un bâtiment standard.
Il manquait une petite flèche pour indiquer que cela ne va que dans ce sens et pas dans l’autre, ça a bien failli gâcher la partie de Cowmic qui misait sa partie là-dessus ^^
Bon, c’est le seul exemple de symbole pas assez clair que j’ai à vous donner, les Spécialistes sont très bien représentés.

Au début de chaque manche, on recharge les Spécialistes afin qu’il y en ait 5, et on ajoute 2 pièces sur chaque Spécialiste qui n’a pas été pris à la manche précédente. Il y a parfois un joli paquet de sous à se faire 😉

Et comment ça finit tout ça ?

La fin de partie sera déclenchée par un des événements suivants :
– Un des joueurs a posé son dernier bâtiment ;
– Il n’y a plus de bateau dans une couleur donnée ;
– Il n’y a plus assez de tuiles Spécialiste pour revenir à un total de cinq tuiles visibles ;
– Il n’y a plus assez de tuiles Bâtiment pour revenir à un total de cinq tuiles visibles.
Le tour de chaque joueur est alors achevé, puis la partie terminée.
On comptabilise les points Prestige, l’argent accumulé (5 pièces = 1PP), les Bâtiments construits, les Spécialistes, et on déduit les points négatifs (-1PP par Bâtiment réservé non construit -1PP par paire de bateaux mis de côté).

Oui, vous constatez bien sur l’image que les PP sur les tuiles Bâtiments sont inscrits dans un rond rouge, et sur les Spécialistes, dans un carré vert… Ne me demandez pas pourquoi, c’est comme ça ^^


Mon avis ?

Etant une grande fan de Five Tribes, qui a d’ailleurs également fini dans mes coups de cœur, je retrouve dans Yamataï le même plaisir de jeu.
Visuellement, toutes ces couleurs, j’adore, j’aime les mécaniques et quand j’ai fini une partie, j’ai envie d’y rejouer. Même si par moment, ce jeu est tellement frustrant… mais quand on fait un coup maître, c’est tellement bon ! Ma configuration préférée est à 2 joueurs, beaucoup plus calculatoire et moins de temps d’attente.

Nous sommes d’accord, Yamataï ne ressemble pas du tout à Five Tribes, et pourtant, certains mécanismes ne peuvent m’empêcher de m’y faire penser. Les meeples qu’on sème dans Five Tribe sont joués pour tout le monde, pareil ici avec les bateaux, c’est d’ailleurs cette même frustration que je ressens quand je suis obligée d’ouvrir le jeu à d’autres joueurs pour pouvoir faire le coup que je vise, et la frustration quand parfois, voire souvent, on fera tout ce qu’on peut pour éviter d’ouvrir le jeu aux autres, ce qui poussera la réflexion au maximum.
Les Spécialistes me font penser aux Djinns ; l’ordre de jeu changeant à chaque tour, bref, un tas de petites choses.

Le terraformage

Le tout est très haut en couleur, et les couleurs justement, parlons-en… Malheureusement, les couleurs du jeu le rendent difficilement jouables pour les daltoniens, le pauvre Al a bien galéré…
Toujours en parlant couleur, soyez bien attentif à bien différencier les bateaux bruns et les bateaux noirs qui, de loin, peuvent se confondre selon l’éclairage, y compris sur les tuiles Bâtiments.

Joué à 2 et à 4 joueurs, les 2 fonctionnent parfaitement. A 2 joueurs, vous jouerez chacun 2 fois sur une manche, ce qui peut rendre vos choix de tuiles Flottes encore plus tactiques, pour jouer 2 tours d’affilé par exemple.
Si vous tentez une partie à 4, choisissez tout de même bien vos compagnons de jeu… Il est très difficile voire impossible de prévoir clairement votre prochain coup tant que les autres n’auront pas terminé leur tour, ce qui pousse la réflexion à l’instantané.

Edition Days of Wonder oblige, le jeu est sublime et le matériel de bonne qualité, le terraformage juste comme il faut, notez que vu la coût important du jeu, ce qui s’explique vu le matériel, il manque tout de même un carnet de score, dommage !

Score : égalité ! Départagé alors par l’ordre de jeu de la dernière manche

Ne vous basez pas forcément sur la comparaison qui est souvent faite avec Five Tribes, autant Cowmic n’aime pas ce jeu (mauvaise expérience de jeu d’une partie qui a duré très très très longtemps), autant il a adoré Yamataï. Faites-vous donc votre propres avis, une fois 😉 En plus, les règles sont (je trouve) facilement assimilables et pas bien longues à lire, très bien expliquées !
Voilà un bon investissement qui sera rentabilisé sans trop de difficulté.

VaL

Fiche technique :
Auteur : Bruno Cathala et Marc Paquien
Illustrateur : Jérémie Fleury
Editeur : Days of Wonder
Distributeur : Asmodee
Age : 13+
Joueurs : 2 à 4
Durée : 40-80 minutes

Auteur / autrice

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