Carnegie
On vous parlait de Carnegie lors de sa campagne Kickstarter ici. A présent qu’il a été livré et qu’il est sorti en boutique, il est temps de voir ce que la bête nous réserve.
Carnegie (2022) est donc le dernier jeu de gestion de Xavier Georges (à qui l’on doit avec d’autres Troyes, Gingkopolis, Black Angel, …). Il a bénéficié d’une superbe édition dans sa version Kickstarter. C’est pourquoi je consacrerai un bon paragraphe sur la description de cette grosse boîte après avoir passé en revue le gameplay.
Comment on joue ?
Carnegie (2022) est librement inspiré de la carrière d’Andrew Carnegie, industriel américain du XIXe siècle. Dans Carnegie, vous allez donc incarner des capitaines d’industrie, cherchant à développer votre entreprise pour établir votre héritage à la postérité.
A chaque tour, le joueur actif devra choisir une activation parmi 4 disponibles, chacune ayant une double conséquence : le déclenchement d’une phase de revenu ou de donation et l’activation d’une catégorie de départements de l’entreprise et ce, pour tous les joueurs. Il faut donc être attentif à ses propres besoins, mais également veiller à ne pas favoriser les concurrents !
La phase revenu ou donation
Celle-ci va permettre à tous les joueurs ayant des employés actifs dans la région de les rapatrier dans leur entreprise et de gagner, non seulement les revenus de la région (dépendant de son niveau de développement du transport dans la région), mais aussi tous les revenus de son plateau personnel débloqués grâce aux projets de son entreprise. Tandis qu’une phase de donation permettra à chacun de payer une somme pour financer différents projets générant des points de victoire en fin de partie.
Activation du département
Ensuite, chaque joueur peut activer les départements correspondant à l’action choisie pour:
– générer des revenus;
– construire de nouveaux départements au sein de l’entreprise ou des projets immobiliers dans le pays;
– développer son réseau de transport ou de nouveaux projets immobiliers;
– ou encore déplacer ses employés au sein de l’entreprise.
Le twist, c’est que si tout le monde démarre (dans le jeu de base) avec les mêmes départements et le même nombre d’employés, chacun est libre de les assigner comme il l’entend au sein de son entreprise. Au fur et à mesure du jeu, la construction de nouveaux départements renforcera cette asymétrie. Chaque joueur bénéficiera donc différemment de chaque action en fonction de ses investissements préalables et il faudra rester constamment attentif aux plateaux de ses adversaires pour tenter de prédire leur prochain coup. Cela évitera ainsi d’en jouer un qui les avantagerait trop.
Fin du jeu
Le jeu se termine au bout de 20 manches (et donc 20 actions). On comptabilise alors les PV accumulés à ceux générés par
- les départements acquis;
- les projets immobiliers développés;
- les employés actifs;
- les connexions établies entre les grandes villes du pays;
- les donations effectuées.
Le score le plus élevé l’emporte.
Le matériel
On découvre tout d’abord la règle, claire et bien illustrée, ainsi qu’une annexe concernant les extensions incluses dans cette version (les nouveaux départements, les nouvelles donations et le module “Un nouveau départ” pour des départs asymétriques). Un carnet reprenant les feuillets de ce module vient compléter le tout.
Sous la règle, on trouve les rangements individuels du matériel de chaque joueur. La version KS comprend également un système de rangement conçu par GameTrayz. Et dès qu’on les découvre, on comprend pourquoi GameTrayz est aussi renommé pour la conception de ses rangements. Tout est à sa place, déjà dépunché, il suffit de sortir son compartiment personnel et tout le matériel est prêt à jouer, jusqu’à l’argent et les ressources de départ !
Les plateaux individuels sont épais, en triple couche, de manière à pouvoir insérer les bandelettes de projet sous les sections correspondantes. La couche de fond est toutefois dans un carton très fin, j’espère qu’elle tiendra dans la durée. On trouve ensuite deux versions pour le plateau des départements, en version carton épais, ou directement en utilisant le rangement GameTrayz, ce qui est à nouveau très pratique pour la mise en place.
Ensuite vient le plateau central, bien calé et dans un carton très solide, et latéralement, un rangement plus haut qui contient les donations additionnelles de l’extension, les bandelettes d’action des régions, les marqueurs d’action en bois imprimés ainsi que le pion premier joueur en forme de locomotive et l’engrenage qui marque le tour en cours, tous deux en métal.
Enfin, dans le dernier étage viennent les cubes ressources et les billets métallisés, ainsi que les 16 départements de l’extension et les cartes de l’automa.
Un thermoformage très pratique
Comme on peut le constater, tout est très fonctionnel et de belle facture, conçu pour faciliter la mise en place du jeu. De plus, l’ambiance graphique exécutée par Ian O’Toole colle parfaitement avec l’époque, et renforce l’immersion dans le thème. Tout reste cependant extrêmement clair et ergonomique, avec le recours à un set d’icônes peu nombreuses et faciles à interpréter.
Verdict
Carnegie mêle de manière efficace différentes mécaniques. Son système de choix d’actions communes (un peu à la Puerto Rico) en fait un jeu de gestion très interactif. Ce qui est relativement rare dans cette catégorie. Mais ce n’est pas une interaction brutale, je ne détruis rien chez l’adversaire (madame n’aime pas du tout ça à la maison). Pour ceux qui aiment se triturer les méninges sans jouer tout seul dans son coin, je trouve que c’est un excellent point pour la mécanique de base!
Son matériel en fait un jeu agréable à prendre en main. Même sans intégrer les extensions, il a une très bonne rejouabilité, notamment grâce à la variabilité du setup. Rien que le choix des 4 bandelettes d’action offre 13440 possibilités! Le tout sans une once de hasard, car tout est connu dès le début du jeu. Seules les actions des joueurs déterminent le cours de la partie, pas question ici de perdre sur un mauvais tirage qui vient mettre votre stratégie par terre. Et ça j’aime dans un jeu de gestion de ce calibre. Très bon à 3 ou 4 joueurs, il est également excellent à deux: la lecture du jeu de son adversaire devenant véritablement centrale dans cette configuration et renforce la sensation de duel impitoyable.
Pour toutes ces raisons, Carnegie fait partie des toutes bonnes sorties de 2022 pour moi. Un coup de coeur sans hésiter, et d’un auteur belge en plus !
Fiche technique
Auteur : Xavier Georges
Illustration : Ian O’Toole
Editeur : Quined Games
Distributeur: Pixie Games
Joueurs : 1 à 4
Age : 12+
Durée : 120 à 180 minutes