Pour cette nouvelle édition 2025, je reprends les rênes de la catégorie « Rusés » (l’année passée, c’était Yves qui les avait).
Et je vois cette année des titres dont on a beaucoup entendu parler. Leaders, Zenith sont loin d’être passés inaperçus dans les différentes communautés de jeux. Et Daybreak a déjà gagné le prix du Spiel 2024.

Malgré la bonne renommée de ces jeux, je vous fait une confidence: je ne les ai jamais testés avant de concocter cet article. C’est donc avec un esprit neuf, mais plein d’attentes positives que je vais attaquer mon run de tests pour vous donner mon avis sur la sélection de cette année.

La catégorie Rusés

Cette catégorie va réunir les jeux où la réflexion prime sur la chance. La catégorie des gens qui aiment se triturer les méninges, et chercher des stratégies vers la victoire. Bref, tout ce que j’aime.

Pour suivre le prix Fox de » cette année, n’hésitez pas à vous rendre sur le site de Fox & Cie.

Leaders

Editeur : Studio H / Distributeur : Hachette Boardgame

La boite est superbe, un petit bijou à exposer dans sa ludothèque. Le style, les illustrations (Naïade, toujours une réussite) et surtout le rangement carré, clair, avec un petit tiroir pour y mettre toutes les pièces et pouvoir les retirer convenablement. Une pépite, dors et déjà.

Ajoutons à tout ça des stands représentant les personnages du jeu, solides et en bois, dans un carton de qualité et verni. Le matériel de ce jeu est juste exceptionnel.

Mais qu’en est-il du jeu en lui même ?

Ce jeu est fait pour 2 joueurs qui se font face. A tour de rôle, ils vont devoir choisir un personnage et le placer dans la zone de jeu face à eux (la face fond blanc montrera les personnages qui nous appartiennent, l’adversaire verra l’illustration sur fond noir). Chaque joueur pourra ensuite déplacer son personnage d’une case, ou exécuter la capacité spéciale de celui-ci, une fois.

Une fois qu’on a 4 personnages par joueur, l’affrontement va se poursuivre sans ajouter de personnage sur le terrain.

Le but du jeu est de bloquer le roi de l’adversaire. Soit en faisant en sorte qu’il ne puisse plus se déplacer, soit en l’entourant de 2 personnages à nous.

Les effets des personnages vont de « bloquer le pouvoir des personnages adverses à proximité » jusqu’à « échanger sa place avec un personnage adverse à portée », ou « placer ce personnage à coté du roi suffit à faire gagner la partie ».

Mon avis sur Leaders

C’est un bon jeu, agréable à jouer par son matériel et par sa mécanique.

Je ne vous cache pas que ce qui m’a refroidi, c’est que les parties se jouent très vite, surtout que certains personnages sont clairement beaucoup plus forts que d’autres. C’est ce déséquilibre qui va faire que je ne pourrai pas placer Leaders comme mon favori.

Il est important de maitriser les pouvoirs des personnages et demande un temps d’apprentissage. Exclure certains personnages trop « forts » est nécessaire pour apprécier la partie, ou alors, il faut aimer le challenge et bien maitriser le jeu pour les affronter.

Zenith

Editeur : Playpunk / Distributeur : Asmodee Belgium

Encore une belle boite, un style fort similaire à la boite précédente, et pour cause: Naïade est de retour aux illustrations. Mais le jeu est totalement d’un autre style et d’une autre ambiance.

Si la boite de jeu annonce « 2 ou 4 joueurs » c’est clairement un jeu à 2 joueurs, comme une partie de babyfoot. Mais je trouve que la version 4 joueur a été correctement réinventée pour étendre le jeu.

L’ambiance Science Fiction et cartoonesque soutenu par le dessin de Naïade est vraiment clair et abordable et permet de proposer le jeu à un large public qui n sera pas rebuté par des design « trop sérieux ». C’est important de le dire car dans la catégorie des jeux de stratégie, c’est souvent un point soulevé par les nouveaux joueurs.

Zenith, une lutte d’influence

On décrit souvent Zénith comme un jeu de « tir à la corde ». En effet, le but du jeu est de tirer vers soi les curseurs de chaque planète. Une fois le curseur totalement de notre coté du plateau, on le garde dans la zone de points, et on le remplace par un autre curseur de même couleur. Pour se faire, on va poser des cartes de la couleur de la planète en tant qu’agent et permettre ainsi d’influencer et de faire avancer le curseur (selon l’effet de l’agent). Mais aussi de gagner des ressources pour acheter des autres agents, ou des technologies.
Notons que chaque agent de notre coté du plateau vaudra une réduction de 1 ressource pour placer le prochain de la même catégorie.

Car oui, si le coeur du jeu c’est « tirer les curseurs », il y a un ensemble d’actions à coté pour jouer ses cartes même quand on ne sais pas les jouer en tant qu’agent.

Vous pouvez aussi jouer vos carte dans la partie « recherche de technologie » pour bénéficier d’effets spéciaux. Au plus vous avancez, au plus vous aurez un cumul d’effet intéressants.

Vous pouvez aussi envoyer votre carte sur le plateau « Diplomatie » pour avoir l’avantage. Ce plateau va vous générer des ressources, mais aussi augmenter la taille de votre main à remplir en fin de tour.

Le mode « 4 joueurs » car se jouer en équipe sur le même principe. Sauf que chaque joueur ne pourra poser d’agent que sur 3 planètes sur les 5 disponibles. Une action de Diplomatie va permettre aux joueurs de se donner des cartes pour placer des agents des planètes accessibles que par son partenaire.

Si vous voulez en lire plus, n’hésitez pas à lire l’article de Daniel sur ce jeu.

Mon avis sur Zénith

C’est un jeu sympathique, mais frustrant aussi.

Sympathique, parce qu’on a des combos de cartes, des effets assez puissants pour reverser la tendance en 2-3 coups.
C’est grisant de poser ses cartes à effets qui font en sorte que le travail acharné de son adversaire soit réduit à néant par un double tirage de planète vers soi.
Les effets sont aussi bien dosés: les gros effets coutent bien cher, et les effets qui donnent quasiment une planète (qui fait bouger une planète de 3 cases) imposent des sacrifices supplémentaires (détruire ses propres cartes agents).

J’ai aussi adoré les références à la pop culture dans les noms des cartes (coucou Asimov, le robot).

Par contre, il est très frustrant quand on voit qu’il manque 1 planète à son adversaire et qu’on n’a que des agents d’autres couleurs qui ne peuvent pas agir contre. Et notre main ne se rafraichi pas rapidement (1 carte par tour). Je dirai même plus, avoir le leadership (pouvoir avoir 5-6 cartes en main plutôt que 4) peut être une malédiction quand on nous prend le jeton leadership, parce qu’à ce moment là, on sait qu’on ne piochera pas le tour suivant.
Dans ce cas, on a l’impression de subir sa défaite. Et même si les recherches de technologies, puissantes de surcroit, peuvent palier ce manque, ce n’est que si on les a vraiment développées et qu’on a des solariums en suffisance. Et ils ne sont pas si évident à avoir.

En bref, un bon jeu de duel, mais est-il si « rusé » que ça ? Personnellement je n’ai pas senti la grosse stratégie que j’ai senti à l’époque avec un « Ruines perdues de Narak » ou « Everdell ». Je l’aurai placé dans la catégorie « Indestructible » par son accessibilité et son aspect opportuniste lié au tirage des cartes. C’est ce dernier point qui ne fera pas de lui mon préféré dans cette sélection.

Daybreak

Editeur : Cmyk / Distributeur : Asmodee Belgium

Un jeu totalement dans l’ère du temps. Les auteurs de Pandemic remettent le couvert et nous propose de coopérer pour, non pas affronter des virus mortels, mais stabiliser la pollution qu’on créée sur la planète Terre.

Les actions et les cartes à jouer sont réalistes, ou plutôt devrais-je dire « utopiques » quand même parce qu’elles sous-entendent qu’un jour, les nations vont mettre de coté leurs différents et s’intéresser à l’écologie.

Dans ce jeu donc, vous allez chacun incarner une nation et vous aurez comme objectif commun de subvenir à vos besoins énergétiques tout en atteignant l’équilibre entre pollution et la capacité que la planète a d’absorber celle-ci (via les océans, ou la foret). Et ce avant d’atteindre les 2°C de réchauffement climatique sur Terre.

Un travail d’équipe, mais chacun sur son board

Au début de chaque manche, vous allez devoir discuter pour adopter une politique globale pour cette manche. Elle va vous octroyer, si vous y arriver, quelques bonus selon la carte sélectionnée.

Ensuite vous allez jouer vos tours en simultané, sans « tour de jeu » proprement dit (vous jouez vos cartes quand vous voulez), cartes sur table, pour profiter des conseils et des avis de chaque joueur. Mais réellement, vous allez jouer sur votre propre plateau joueur pour optimiser énergie et résilience. Les boucliers de résilience vont vous aider à contrer les crises, il vous faudra assumer une certaine quantité d’énergie pour éviter les crises sociales aussi. Tout cela en produisant le moins de carbone possible, grâce à l’énergie verte. Pour ce faire, vous avez 5 cartes devant vous, vous pouvez poser des cartes de votre main soit derrière la carte (pour soutenir le projet) soit devant, pour lancer un nouveau projet. Vous pouvez activer aussi la carte du bas de la pile, la carte visible, pour en exécuter l’effet.

La fin d’une manche

J’ai parlé de crises, car à la fin de chaque manche, vous allez avoir des crises à gérer. La première est annoncée, face visible, et donc on peut la prévoir. Les autres seront faces cachées. Il y aura de plus en plus de crises au fur et à mesure que le thermomètre du réchauffement climatique va augmenter.

A la fin de la manche, quand les joueurs auront joué tout ce qu’il ont pu, ou voulu jouer, on fait le bilan carbone, on va calculer la production, et en soustraire ce que la nature peut absorber (par la foret ou les océans). Le surplus sera mis dans le thermomètre du réchauffement climatique. Mais à chaque fois que le thermomètre passe 0.1°C, le retour en arrière ne sera plus possible, et on subira un malus (déterminé au dé). Chaque « point de bascule » risque de vous faire perdre de la foret, de l’océan, causer des crises sociales, …

Comment on gagne ou on perd ?

Pour gagner, vous devez ne pas perdre (d’abord, c’est logique) et arriver à l’équilibre entre production carbone et absorbation par la nature.

Mais vous perdez si vous avez dépassé les 6 manches, si une des nations a dépassé sa limite de crises sociales, ou si le thermomètre du réchauffement dépasse les 2°C (donc 20 fois 0.1°C).

Mon avis sur Daybreak

J’ai bien aimé l’immersion.

L’idée même de mélanger stratégie et message écologique fort et réaliste m’a impressionné. J’ai vraiment eu l’impression qu’il y a eu une vraie recherche derrière ce jeu. Ce n’est pas « que » un divertissement, mais aussi une leçon de vie et une piste de réflexion.

En ce qui concerne le jeu en lui même, j’ai aimé cette réflexion d’abandonner des cartes en soutient, de faire des choix, cruciaux, pour l’avenir de notre partie.

Même si les règles prévoient qu’on puisse échanger des propositions de stratégies, je trouve qu’on se retrouve quand même « seul face à son board », et c’est très bien pour éviter l’effet leader. J’ai le parti pris de ne pas jouer « cartes sur table », mais « cartes en main » avec la possibilité de demander l’avis des autres joueurs. Un peu comme dans la vie de tous les jours, où les décideurs politiques, après leur réunion, n’ont plus qu’un téléphone pour se consulter.

La difficulté est croissante, et il faut savoir gérer son stress et la pression, on a de très bonnes sensations en jeu.

Le rangement de la boite, au top: non seulement par cohérence, on a des boites en carton mais tout rentre parfaitement, comme dans un puzzle idéal. J’adore. Le matériel, tokens et autres, sont de bonne facture.

Mon favori pour le prix Fox 2025 catégorie Rusés

Vous l’aurez facilement compris en me lisant je pense, mais Daybreak a mes faveurs dans cette sélection. Pour moi c’est le jeu le plus rusé, mais aussi celui qui porte un message et qui m’a procuré les meilleures sensations de jeu.

Merci à Fox & Cie pour ces bons moments à jouer pour tester ces jeux.