Babylone et ses jardins ont inspiré beaucoup d’artistes… et d’auteurs de jeux ! On se souvient par exemple d’Amyitis de Cyril Demaegd sorti en 2007 chez Ystari, Ishtar de Bruno Cathala en 2019, ou tout récemment les Architectes d’Amytis de Jérémy Ducret, Romaric Galonnier en 2024. Avec Babylon, c’est au tour d’Olivier Grégoire de nous livrer un jeu qui nous place aux premières loges pour voir s’élever devant nous les fameux Jardins Suspendus de Babylone ! Si vous êtes curieux de savoir de quoi il en retourne, je vous invite à découvrir avec moi les principes du jeu, et Daniel et moi vous livreront ensuite notre avis sur Babylon.

Principe du jeu

Dans Babylon, vous incarnez un architecte du VIᵉ siècle av. J.-C., mandaté par le roi Nabuchodonosor II pour ériger de somptueux jardins suspendus en l’honneur de son épouse, Amytis de Médie. Votre objectif est de construire le jardin le plus impressionnant et ainsi être désigné Grand Architecte du royaume.

Chaque joueur démarre avec un plateau personnel qui recevra ses futures constructions. La boîte de jeu représente quant à elle la carrière d’où vous extrayez les matériaux nécessaires à la construction de vos jardins. Placée au centre de la table, elle contient des tuiles Terrasse que vous allez sélectionner tour à tour et les différents éléments décoratifs. Ainsi, Babylon est prêt à être joué dès l’ouverture de la boite !

Un tour de jeu

À chaque tour, vous effectuez les actions suivantes :

1. Creuser : Choisissez une tuile Terrasse dans la carrière. Selon son emplacement et sa couleur, vous recevez un certain nombre de piliers, éléments indispensables pour soutenir vos constructions.
2. Construire : Placez la tuile Terrasse sur votre plateau individuel en utilisant les piliers obtenus ou préalablement stockés. Superposez les terrasses pour élever votre jardin sur plusieurs niveaux. Plus votre jardin s’élève, plus il impressionnera le roi.
3. Embellir : Ajoutez des éléments décoratifs tels que des belvédères, des escaliers, des fontaines, des statues ou des ponts pour enrichir l’esthétique de votre jardin. Chaque décoration possède ses propres conditions de pose et rapporte des points de victoire, leur valeur augmentant avec la hauteur à laquelle elles sont placées (sauf pour le belvédère).

Décompte des points

En fin de partie, les points de victoire sont calculés en fonction des éléments visibles sur le plateau en vue zénithale. Les éléments cachés sous d’autres tuiles ne rapportent donc aucun point !

• Statues : Chaque statue rapporte 1 PV par étage où elle est construite.
• Fontaines et ponts : Chaque fontaine et chaque pont rapportent 3 PV par étage où ils sont construits.
• Escaliers : Chaque escalier rapporte un nombre total de points égal à la somme des étages qu’il relie (ex. : un escalier du 1er au 2e étage rapporte 3 PV).
• Belvédères : Chaque belvédère rapporte 1 PV, quel que soit son étage.
• Diversité des éléments de décor : Chaque ensemble de 4 éléments de décor différents (1 statue, 1 fontaine, 1 pont et 1 escalier) rapporte 4 PV.
• Fleurs : Chaque groupe de 4 tuiles avec des fleurs de couleurs différentes rapporte 4 PV.
• Point culminant : La tuile Terrasse la plus haute rapporte un nombre de points égal au double de son étage (1er étage = 2 PV, 2e = 4 PV, etc.).

Le joueur ayant accumulé le plus de points de victoire est déclaré vainqueur et reçoit le titre prestigieux de Grand Architecte. En cas d’égalité, le joueur avec la plus grande surface de jardin visible l’emporte. Si l’égalité persiste, la victoire est partagée.

Mon verdict

La première chose qu’on remarque quand on voit une table de Babylon, c’est que c’est beau ! Dès les premiers tours de la partie, on voit son jardin prendre forme devant soi, et c’est très satisfaisant. Le mieux, c’est que son matériel superbe et détaillé est complètement au service du jeu, pas juste là pour faire joli. Les ponts, fontaines, escaliers, etc sont là avant tout pour rapporter des points. Mais à la fin d’une partie on observe les jardins des voisins, on compare, on commente son aspect esthétique au delà du score.

Cet aspect et ses règles extrêmement simples (une seule action, choisir et placer une tuile dans son jardin) permettent de jouer à Babylon à différents niveaux et avec différents publics. On peut y jouer sans soucis avec des plus jeunes ou des joueurs novices, qui prendront plaisir au coté « construction » du jeu. Mais Babylon plaira tout autant à des joueurs plus initiés, qui aiment l’optimisation. Car l’aspect spatial et la construction en hauteur offrent de sacrés challenges de planification. Aller chercher un 3e étage demande une belle réflexion si on veut en tirer le parti maximum, car les tours sont comptés !

Rapide à installer

Un autre point positif qu’on ne prend pas souvent en compte dans l’évaluation des jeux, c’est son temps d’installation. Ici, grâce au rangement intégré dans la boite qui fait aussi office de « carrière », le jeu est quasi prêt à jouer dès l’ouverture de la boite. Un atout pour un jeu qui se joue en moins d’une heure.

Si on doit lui trouver un petit bémol, c’est qu’il ne faut pas être trop brusque quand on y joue pour ne pas faire écrouler ses belles constructions. Mais c’est le cas de la plupart des jeux qui font intervenir de la construction en hauteur. Et grâce à ses plateaux de base dans lesquels les piliers viennent s’ajuster, Babylon est même plutôt stable pour ce type de jeu. J’ai ainsi pu jouer une partie en extérieur dans une rue en pente lors du festival Gembloux Ludic sans aucun soucis.

Le mot de la fin

On a eu la chance de découvrir Babylon lors du Brussels Games Festival avec son sympathique auteur, et ils nous a tout de suite plu ! Le côté épuré des règles, le besoin de soigneusement planifier et anticiper ses constructions, et sa belle présence sur la table nous ont séduit, et il a rapidement trouvé sa place dans la ludothèque à sa sortie !

Avis de Daniel

Ce jeu est pour moi, une bombe ! D’ailleurs, j’aime beaucoup les jeux de l’éditeur ainsi que l’auteur. J’ai découvert les jeux d’Olivier qu’il y a quelques années . J’ai d’abord joué à Tiwanaku: une merveille aussi ! Il y a eu ensuite Ducky Ducky et Flying Circus. Ces deux derniers, il les a cocréés avec Geoffroy Simon, un autre auteur belge. J’aime beaucoup ce jeu car il combine simplicité et casse-tête architecturale. Quant à Geek Attitude Games, les gammes Bruxelles et Not Alone sont mes chouchous !

Dans Babylon, tu ne vas pas simplement construire des ponts, des escaliers et des fontaines. Tu dois les élever pour gagner davantage de points. Tandis qu’on se concentre à construire haut ou à prendre des tuiles de notre couleur pour ramasser plus de piliers, tu ne dois pas non plus oublier de faire des collections de tuiles et d’éléments décoratifs ! Le jeu t’impose naturellement de choisir avant de placer et c’est magnifique.

Je rejoins totalement Yves avec tous les points qu’il a mentionnés. Le jeu est, en effet, super rapide à mettre en place. Tout est dans la boite et ça ne part pas en cacahuète quand tu le transportes. Le jeu allie parfaitement beauté et stratégie !

Une stratégie sur plusieurs axes

Lors de mes deux premières parties, j’ai construit pas mal d’éléments décoratifs et je tournais autour de 60-70 points. Vraiment pas terrible même si j’avais des points de collection. C’est donc construire en hauteur pour tous les éléments de décoration qui est payant. J’ai même une fois construit au cinquième étage mais Cécile a gagné… Elle avait beaucoup d’éléments aux troisième et quatrième étages. Elle a donc gagné beaucoup de points. Ce sont les bonus de manche qui, au bon moment, font aussi la différence !

Construire bancal mais pas trop

Avoir suffisament de piliers n’est pas toujours facile. C’est pourquoi placer 3 au lieu de 4 est un excellent compromis. Tu gagnes d’ailleurs un belvédère qui rapporte un point. Néanmoins, cela gâche un emplacement de la tuile posée. Sur le moment même, ce n’est pas trop grave sauf quand tu en avais besoin pour placer un élement décoratif ou un pilier… Babylon demande toujours de réfléchir plus haut et plus loin !

De la créativité

Aucune partie n’est pas pareille pour moi. Comme ça dépend des tuiles disponibles, des piliers que tu gagneras et du bonus de manche, tu ne construis pas pareil ! Certes, tu as acquiers des automatismes mais le marché et les tuiles te poussent à t’adapter.

A la fin, quel plaisir d’admirer ton oeuvre et celui des autres. Même perdant, j’apprécie ma partie et ce que j’ai pu accomplir !

Fiche technique

Conception: Olivier Grégoire
Illustration: The Creation Studio
Édition: Geek Attitude Games
Distribution : Geronimo Games
Joueurs: 2-4
Age:8+
Durée: 40-60 minutes