Paléo
Dure, dure la vie de Croc-magnon. A peine le dos tourné et croc: tu te fais manger par un tigre à dent de sabre. Si toi aussi, tu veux prouver que c’est toi le boss, alors viens jouer à Paléo accompagné de ta tribu.
Hé oui: à l’époque on survit tous ensemble ou on meurt tous ensemble! Donc coordonnez bien vos actions car votre survie ne tient qu’à un poil de mammouth…
Le guide de survie: le commencement
Comme tu l’as pu comprendre, Paléo est un jeu de coopération centré sur la gestion de main et de pioche, la synergie entre joueurs et l’optimalisation d’actions.
Votre but est de reproduire une superbe peinture rupestre de mammouth dans votre caverne avant que la nature cruelle vous emporte. Cette peinture est composée de 5 tuiles peinture que tu pourras gagner en relevant des défis pendant ton aventure quotidien. Quant à la mort, elle se matérialise sous forme de jetons crâne. Dès que tu en as 5, tu as perdu!
Comment on se choppe un crâne?
Paléo se joue en une série de manches qui se décompose en 2 phases: une phase jour et une phase nuit.
Lors de la phase jour, les membres de ta tribu vont partir explorer pour ramener plein de choses à manger ou pour construire des outils bien utiles. Néanmoins ils vont affronter des dangers et subir des blessures. Lorsqu’un membre a subi trop de blessures, il meurt et tu reçois un jeton crâne.
L’objectif de la phase jour, c’est de ramener de quoi nourrir toute ta tribu et récolter les objets nécessaires pour remplir tes missions. En effet, en début de partie, tu vas piocher des cartes Mission en fonction des modules choisis et tu devras remplir leurs conditions à chaque phase nuit.
Si tu n’as pas ramené assez de viande ou échoué dans tes missions, tu reçois aussi un jeton crâne par mission ratée et personnage affamé.
Comment on peint un Mammouth?
Et bien dans Paléo, tu n’utilises pas que des pigments mais aussi ta tête et tes bras. Je dirai même plus: vous ferez appel à vos têtes et bras! Les défis requièrent un certain nombre de compétences: force, dextérité ou clairvoyance. Ces symboles, tu les obtiens via les membres de ton groupe ainsi que les outils que tu vas fabriquer. Le dos de certaines cartes illustre un mammouth. Cela veut dire que tu si tu remplis les conditions des ces cartes, tu obtiendras une partie de la fresque. Il faut rassembler 5 morceaux pour gagner.
Un joueur, à lui seul, aura difficile pour remplir tous les conditions de l’épreuve et ainsi gagner une partie de la fresque. C’est de là que le système coopératif de Paléo trouve ton son sens.
Un pour tous et tous pour un!
L’aventure des joueurs se présente sous forme de paquet de cartes qu’on va répartir équitablement entre joueurs. Chacun aura donc une pioche, le dos des cartes visible. Le but est de reconnaître le type de cartes mais pas exactement le contenu. Le type de carte correspond à un lieu à visiter (montagne, forêt, foyer) dont les actions et récompenses sont généralement connus. Explorer une forêt permet de trouver du bois et de la nourriture tandis qu’à la montagne, c’est plutôt de la nourriture et de la pierre. Dans le foyer, c’est plutôt pour agrandir ta tribu ou créer des objets.
Quant aux cartes rouges, ce sont plutôt des dangers qui apportent plutôt des malus lorsqu’on n’arrive pas à les résoudre.
En début de tour, chaque joueur pioche trois cartes de son paquet et on se met tous d’accord sur la carte à garder parmi les trois. On va débattre ensemble sur base du dos de la carte et sur ce dont on a besoin absolument (construire un objet, recruter, trouver de la nourriture).
Une fois la carte choisie, on révèle tous notre carte et on va débattre sur la façon de résoudre chacune des cartes.
1) Résoudre la carte
Pour cela, on doit remplir les conditions (avoir 2 en dextérité) et les coûts éventuels (nourriture, objet spécifique à défausser, défausser des cartes de sa pioche). Les autres joueurs peuvent aider en choisissant l’option « aide » de leur carte. En aidant, ils contribuent à remplir les conditions et peuvent aussi aider à payer le coût .
Les récompenses sont diverses:
– de la nourriture pour nourrir tes membres pendant la nuit ou remplir la condition d’une carte
– ressources comme la pierre ou le bois pour construire des outils
– construire ou gagner des outils
– débloquer de nouvelles idées (ce sont des outils disponibles à la fabrication) ou rêves (des évènements positifs à intégrer à la pioche commune)
2) Donner un coup de main
La plupart des cartes offre cette possibilité. On utilise cet effet pour aider un camarade à résoudre sa carte. Il faut cependant avoir cette option « aide » sur sa carte pour pouvoir aider.
3) Ignorer la carte et subir les malus éventuels
Si on ne veut pas résoudre une carte ou si on n’en a pas les moyens, on ignore totalement la carte et on subit le malus éventuel car on n’a pas payé le coût ou rempli les conditions. C’est d’ailleurs le cas pour toutes les cartes Danger. C’est pourquoi dans la phase « choix des cartes », on évite souvent de choisir la carte à dos rouge symbolisant le danger. Le malus consiste à poser des pions « blessure » sur nos personnages. Si on a recouvert tous les emplacements sur une carte personnage, celui-ci meurt et est placé au cimetière. On ajoute ensuite un jeton crâne sur l’emplacement prévue et la défaite s’approche…
Eviter le danger cependant, c’est aussi reporter le problème car la carte va revenir lorsqu’on aura reconstitué notre pioche avec les cartes défaussées. Combattre un danger permet donc souvent d’éliminer définitivement cette carte et de gagner une récompense.
Et la nuit tomba…..
Après que chacun ait résolu sa carte, on la place dans notre défausse ou dans le cimetière en fonction de la résolution de la carte. On repioche ensuite trois nouvelles cartes et on résout de nouveau un tour. Lorsque les joueurs auront tous vidé leur pioche, La phase nuit peut commencer. Tu devras nourrir chaque membre de ton groupe et remplir les conditions des missions pour la partie. Par membre affamé et mission non réussi, vous gagnerez un crâne.
Un nouveau jour se lève!
Si tu vois le jour, c’est que tu n’as accumulé 5 crânes et que tu as encore une chance de gagner! Refais ta pioche avec les cartes défaussées et on continue l’aventure jusqu’à ce que la victoire ou la défaite s’en suive!
Verdict
Paléo est vraiment un chouette jeu coopératif basé sur la complémentarité des joueurs. Il faut cependant accepter qu’il y ait pas mal de hasard dû au tirage des cartes. On peut en effet rater l’occasion de gagner une fresque ou obtenir un outil important car on n’a pas les ressources ou cartes nécessaires à ce moment là. Fort heureusement, comme on devine un peu le contenu de la carte grâce à son dos, on peut gérer la pioche et choisir la carte qu’on veut traiter d’abord.
Quant au déroulement du jeu, on est vraiment en train de construire sa petite histoire: on agrandit sa tribu, on construit des outils et améliore nos compétences. On perd aussi des compagnons en cours de route et pas de mal de mauvaises surprises nous attendent. Tout ça fonctionne merveilleusement bien.
Le mal Alpha
J’ai fait exprès d’écrire mal au lieu de mâle car dans les jeux coopératifs: on a toujours ce risque qu’un joueur veuille prendre l’ascendance sur les autres et veuille imposer ses choix. Paléo n’échappe pas à cette règle car on doit choisir quelles cartes seront utilisées en soutien pour remplir les conditions d’une autre carte. Le choix se fait bien sûr en groupe mais ce n’est pas toujours évident surtout quand un membre a déjà joué et que les autres non.
Je prends l’exemple de ma propre expérience: j’avais déjà fait une partie solo avant d’y jouer avec Cécile et Christiane. De mon point de vue, j’avais l’impression qu’on avait gagné ensemble mais du leur, elles avaient l’impression que je guidais en permanence le choix du groupe. Il manquait, selon elles, d’une implication personnelle. A postériori, j’approuve totalement leur ressenti. C’est ce que j’ai ressenti lorsque je jouais à Gloomhaven avec des joueurs plus expérimentés. Ils guidaient mes choix mais avec en tête de servir leur objectif personnel.
Il vaut mieux donc perdre ensemble que gagner seul.
Une bonne rejouabilité
J’ai toujours adoré les jeux qui offrent une progression. Paléo le fait en intégrant à chaque fois un nouveau paquet de cartes qui imposent des objectifs de manche différents et plein d’évènements liés à ceux-ci. On a donc vraiment l’impression que notre tribu fait face en permanence à de nouvelles menaces et encore plus dangereuses.
Quand on perd, ce n’est pas trop choquant de refaire la même partie car on apprend de ses erreurs et on repart mieux préparé. Quand on gagne, pourquoi pas explorer d’autres façons de gagner? Comme on mélange la pioche d’idées, c’est intéressant d’en dévoiler de nouvelles et essayer de fabriquer les outils qu’elles affichent pour pouvoir les exploiter à notre profit. Les cartes Rêve sont pour moi pas assez exploitées car on préfère choisir des actions plus rentables. Comme on refait le même niveau, c’est l’occasion de s’attarder sur ces rêves.
Attention, enfants en vue!
Les illustrations sont magnifiques et le matériel est abondant et de très belle facture. Comme dit Jon dans cet article, on croirait que c’est un jeu pour les enfants. Gabriel (4 ans) et Victor (2 ans) se sont d’ailleurs installés autour de la table pour jouer avec les fresques, les os et les petits jetons nourriture. Selon Gabriel, on aurait gagné 15 fois car il a recomposé autant de fois la fresque lui-même sans avoir eu besoin de jouer au jeu…
C’est donc un jeu à faire quand les petits sont vraiment occupés à autre chose ou quand ils dorment…
Une immersion totale
Je suis tout à fait d’accord avec Joseph (Lien), c’est un jeu fait par un passionné du thème et du jeu car le mécanisme de Paléo est bien huilé et on le sent quand on joue!
Fiche technique
Auteurs: Peter Rustemeyer
Illustrateur: Dominik Mayer
Editeur: Zman Games
Distributeur: Asmodée
Joueurs: 2-4
Age: 10+
Durée: 30 à 60 minutes