Coups de Cœur

Sagrada

A l’époque où ce jeu prend place, la Sagrada Familia de Barcelone était encore en pleine construction (oui, je sais, c’est encore le cas aujourd’hui… Du coup, disons que le jeu se passe avant aujourd’hui). Les maçonneries principales étant déjà en place, le concepteur de l’édifice à besoin d’artisans spécialisés en création de vitraux. C’est bien sûr là que nous intervenons, en grands spécialistes de fabrication de vitraux que nous sommes ! Chacun de nous va essayer de réaliser le plus beau vitrail afin d’épater la galerie (ou le transept…).

Préparer son matériel

Avant de se mettre au travail, préparons notre matériel. On placera plusieurs choses au centre de la table :
# 3 outils : ils seront différents à chaque partie et permettront de nous sortir de situations compliquées ;
# 3 objectifs communs : eh bien oui, on ne fait pas ce que l’on veut : si on désire marquer des points, il va falloir que notre vitrail respecte au mieux certaines consignes. Ici aussi, cela variera selon les parties ;
# La réserve de jetons faveurs, qui serviront à utiliser les outils ;
# Une piste qui servira de compte-tour (et dont le verso sera utile lors du décompte des points..) : la partie se déroulera en dix manches.

En haut, les cartes outils, au milieu la piste compte-tour et en bas, les objectifs

# un sac opaque rempli de dés : il y en a 18 de chacune des 5 couleurs (vert, bleu, mauve, jaune et rouge), pour un total de 90 dés. Ce sont eux que l’on placera afin de constituer notre vitrail.

En outre, chaque joueur reçoit un encadrement pour son vitrail, un objectif qui lui est propre (et qui restera secret) ainsi que deux cartes recto-verso aux noms évocateurs parmi lesquelles nous pourront choisir le vitrail nous inspirant le plus. Parmi ces deux cartes, il faudra choisir celle qui servira de base à notre travail. La face choisie sera à insérer dans notre encadrement. L’autre carte sera simplement défaussée.

Ces cartes nous imposerons des niveaux de difficultés différents, symbolisés par le nombre de petites bulles inscrites dans le coin inférieur droit de chaque carte. Les niveaux vont de 3 (facile) à 6 (difficile).
Sur ces cartes, sont déjà indiquées certaines couleurs et certaines valeurs. Seuls des dés correspondant à ces contraintes pourront être placés à ces emplacements.
Une fois la carte choisie, on prendra autant de jetons faveur que le niveau de difficulté de notre carte. 

Nous sommes presque prêts à nous lancer, il ne nous reste plus qu’à désigner un premier joueur, qui pourrait par exemple être le dernier à avoir visité une cathédrale… Le joueur désigné prend le sac comprenant 90 dés et la partie peut débuter !

Comment fabriquer des vitraux?

La partie va se dérouler en 10 manches. Lors de chaque manche, le premier joueur va lancer les dés (le nombre de dés à lancer varie en fonction du nombre de joueurs : on prend dans le sac 2 dés par joueur, plus un – à 4 joueurs, on en prendra donc 9). On fera ensuite un premier tour de table dans le sens des aiguilles d’une montre, afin que chacun prenne un dé qui sera à chaque fois placé immédiatement. Une fois que le dernier joueur aura placé son dé, on recommence un tour mais attention, cette fois-ci ce sera en sens inverse, en commençant par le dernier qui s’était servi au premier tour (qui en pioche donc deux d’affilée). Quand tout le monde se sera servi une deuxième fois, il ne restera plus qu’un seul dé sur la table, que l’on pourra placer sur le compte-tour : la première manche est terminée !

Le dé restant est placé sur la première case du compte-tour

Tout l’intérêt du jeu résidera ensuite dans la façon dont chacun devra placer ses dés : 

Lancé de départ

– Les dés placés doivent toujours respecter les contraintes imposées par nos cartes : seul un dé vert pourra être placé sur un emplacement vert, seul un 6 pourra être mis sur un emplacement marqué d’un 6, etc
– Chaque dé placé doit impérativement être en contact avec au moins un autre dé (ce peut être en diagonale). La seule exception à ceci étant pour le premier dé, qui devra se trouver sur un des 14 emplacement de la périphérie de notre vitrail.

On a commencé par placer le 6 bleu, avant de mettre le 2 vert

– Enfin, deux dés d’une même couleur ni deux dés d’une même valeur ne peuvent se trouver côte à côte (orthogonalement uniquement, aucun problème pour les diagonales)… De quoi commencer à faire chauffer vos neurones.

Dans ce cas-ci, on se bloque pour la suite : on ne pourra pas mettre de dé bleu
au dessus du 2, ni à droite… Ces deux emplacements resteront vide en fin de partie

Si un joueur ne peut, ou ne veut pas jouer un des dés, il n’en prend pas (et laisse ainsi plus de choix à ses adversaires). Cependant, dans ce cas, des emplacements seront alors laissés vides en fin de partie, faisant à chaque fois perdre un point au joueur à qui cela arrive…

Les outils

Le vaste choix d’outils

Il y a 3 outils disponibles lors de chaque partie (parmi un vaste choix). Ceux-ci peuvent être activés pour bénéficier d’une aide, souvent bienvenue. Les effets, sont divers, mais il permettent par exemple, de changer la valeur d’un dé, de relancer le dé choisit, déplacer un dé de notre vitrail sans tenir compte de certaines contraintes, etc. C’est toujours très intéressant, mais ils ne sont pas gratuits ! Chacun à reçu des jetons faveurs en début de partie, on va pouvoir s’en servir pour activer les outils : pendant notre tour, on va placer une faveur sur la carte de l’outil si celui-ci n’a jamais été utilisé.

On réalise alors l’effet : dans ce cas-ci, on retourne le dé que l’on vient de prendre pour le placer sur sa face opposée.

Notre 4…
… se transforme en 3 !

Par la suite, si un joueur (le même ou un autre) désire réutiliser cet outil, il devra dépenser deux faveurs (mais tout va bien le maximum à payer étant 2 faveurs, si l’outil est réutilisé par la suite, il ne coûtera toujours que deux) !

Si toutes nos faveurs n’ont pas été utilisées en fin de partie, on recevra un point supplémentaire pour chacune d’elles.

Et une fois les dix manches passées?

Une fois que les dix manches auront été jouées, on passe au décompte des points. Pour celui-ci, on enlève tous les dés se trouvant sur le compte-tour afin de pouvoir retourner celui-ci et découvrir la piste de score. Chaque joueur va recevoir des points grâce aux différents objectifs accomplis :

Les objectifs communs

Il y en a de plusieurs types qui nous feront marquer des points différemment et il n’y en a que 3 différents par partie, et bien entendu, chacun va marquer des points selon ces 3 objectifs :

# 2 points pour chaque assortiment de deux valeurs (1 et 2, 3 et 4 ou 5 et 6)

# 4 ou 5 points pour chaque assortiment de toutes les couleurs ou de toutes les valeurs dans notre vitrail

# entre 4 et 6 points pour chaque ligne ou chaque colonne ne comprenant que des couleurs ou des chiffres différents (selon le motif de l’objectif). Evidemment l’ordre n’est pas important

# 1 point par dé en contact en diagonale à un autre dé de sa propre couleur

Les objectifs personnels (secrets !)

On ne les révèle qu’en fin de partie. Chaque objectif est associé à une couleur de dé à favoriser. Au moment du décompte, on marquera autant de points que la somme de toutes les valeurs des dés de notre couleur !

Exemple de décompte

Dans le cas-ci dessus, on gagne deux points par ensemble de 5 et de 6. Il y a quatre 5 et quatre 6, ça nous fait déjà 8 points.
Chaque ligne ne comprenant que des couleurs vaut 6 points. Ici c’est un sans faute valant donc 24 points. (L’objectif étant réussi sur chacune des 4 lignes)
Chaque colonne ne comprenant que des valeurs différentes vaut 4 points. C’est encore une fois un sans faute, rapportant 20 points supplémentaires.
Pour terminer, on ajoute à cela le score de notre objectif secret. Dans ce cas-ci, on recevra donc encore 20 points (4+6+4+6, valeurs de tous les bleus)
Ca nous amène à un total de 72 points auxquels on ajoute 3 points pour les 3 faveurs restantes : 75 points !

Je vous rassure, ce score est presque impossible à atteindre, c’est exceptionnel de pouvoir marquer le maximum de points sur chaque objectif. En général, on se situe plutôt entre 50 et 65.

Par ailleurs, si l’on se rend compte que l’on a fait une erreur (ce qui pourra facilement vous arriver lors de vos premières parties), on devra retirer des dés jusqu’à ce que tout soit en ordre. Cela nous faisant perdre pas mal de points.

En haut à droite, deux 1 sont côte à côte, c’est interdit !

On doit donc en retirer un.

Dans l’exemple ci dessus, le joueur perdra donc un point vu qu’il y a un emplacement libre. Par ailleurs, il ne pourra pas obtenir de points concernant l’objectif de la première ligne, ni celui de la 4e colonne. Cela fait donc 11 points de perdus !

 

Et il y a un mode solo?

Eh bien oui, et il ne s’agit pas que d’atteindre le plus haut score mais bien de réussir à vaincre le jeu. Et ce n’est pas évident !
La mise en place est à peu près équivalente, si ce n’est que l’on ne reçoit pas de jeton faveur. Le nombre d’outils variera selon le niveau de difficulté que l’on souhaite. Pour les objectif, on utilisera 2 objectifs « communs » et 2 objectifs « secrets », mais il faudra choisir en fin de partie un seul objectif secret sur lequel on marquera des points.

Ensuite on tire 4 dés et c’est parti. Parmi les 4 dés tirés, on en choisit deux et on met les autres sur le compte-tour. On passe ensuite à la manche suivante.
La grande difficulté réside dans le fait que le score final à battre dépendra des dés placés sur le compte-tour : en fin de partie, on fait la somme de tous ces dés, et c’est le score à battre ! Il y a donc un facteur en plus à prendre en compte en choisissant ses dés.

Ici aussi, on pourra utiliser des outils. Pour cela, on prend un des dés que l’on ne veut pas utiliser (parmi les 4) et on le place sur l’outil de notre choix, à condition que la couleur du dé corresponde à la couleur de la carte. C’est très intéressant car en plus d’utiliser l’outil, le dé en question ne sera pas comptabilisé en fin de partie ! Mais malheureusement, chaque outil ne pourra être utilisé qu’une seule fois…

Et il n’y aurait pas déjà une extension?

Il y en a bien une, mais malheureusement elle n’est pas (encore?) disponible en français. Elle apporte nous seulement de nouvelles mécaniques, mais aussi la possibilité de jouer jusqu’à 6 joueurs ! On y trouve donc tout le matériel nécessaire pour cela : dés, jetons faveurs, plateaux, ainsi que de nouvelles cartes de départ, de nouveaux outils, et de nouveaux types d’objectifs secrets.

Ces nouveaux objectifs, nous font gagner des points, non plus en fonction de la couleur des dés placés, mais en fonction de leur emplacement !

En terme de gameplay, on ajoute aussi la possibilité de jouer avec une réserve personnelle de 10 dés. Lancés dès le début de la partie, on en a deux de chaque couleur. Désormais, à chaque manche, on ne prendra qu’un seul dé dans la réserve commune, et un dans notre réserve personnelle. Cela change assez bien la physionomie du jeu (et je ne vous cache pas que je préfère la version classique).

Notre réserve personnelle

Par ailleurs, on nous conseille ici d’adapter le nombre de dés dans le sac en fonction du nombre de joueur, et j’approuve totalement, y compris en jouant sans l’extension.

Je trouve donc qu’elle est parfaite si l’on désire jouer à plus de 4 (ce qui est mon cas), mais sinon je la trouve assez dispensable…

Mon avis

J’étais un peu sceptique au début… Mais attiré par la le visuel, comme beaucoup de joueurs, je l’ai essayé et il m’a convaincu ! Très calme, on se prend vite au jeu en essayant de placer nos dés au mieux afin de ne pas se retrouver bloqué par la suite. On se met vite à regarder aussi le jeu des adversaires pour ne pas leur laisser le dé dont ils ont besoin et les interactions sont donc bien présentes (en plus du fait de croiser les doigts pour que le dé auquel on tient ne soit pas pris).

Les parties étant assez courtes (un peu plus de 30 minutes à 4), on le sort souvent et on ne s’en lasse pas (en tout cas, je ne m’en lasse pas), si bien qu’en 3 mois, il fait déjà partie de mes jeux les plus joués cette année ! Avec les nombreux objectifs et outils, les parties sont toujours très différentes les unes des autres, et on doit pouvoir s’adapter au tirage.

Le matériel est de bonne qualité, les dés sont plaisants à manipuler et le thermoformage tient bien tout le matériel en place, y compris lors de déplacements !

Les règles sont très bien rédigées et on se rend vite compte que la difficulté du jeu réside plutôt dans la façon de placer ses dés que dans les règles. Je trouve d’ailleurs qu’il est tout à fait jouable avant l’âge indiqué sur la boîte (13 ans), j’y ai joué avec des enfants plus jeunes et cela à très bien fonctionné, ceux-ci arrivant même à battre les adultes !

Je ne peux donc que vous recommander d’y jouer (en particulier si vous avez apprécié Azul, Sagrada apportant ce petit côté casse-tête très plaisant qui n’était pas présent – et me manquait – dans Azul), et maintenant qu’il est disponible en français chez Matagot, plus aucune excuse !

Le seul petit bémol se trouve au niveau de son accessibilité vis à vis des daltoniens… Les couleurs ayant une grande importance dans ce jeu, il faut s’assurer de bien pouvoir distinguer les différents dés…

Et si vous voulez le tester, une fois, rendez-vous le 21 novembre au Dynamo Bar lors de notre soirée Des Jeux, Des bières et plus qu’Une Fois : le Retour pour l’une ou l’autre partie !

A bientôt, (avec un article sur Manhattan, de chez Act’in Games)

Maxence

Fiche technique :
Auteurs : Daryl Andrews et Adrian Adamescu
Illustrateur : Peter Wocken Design
Editeur : Matagot (version originale : Floodgate Games)
Distributeur : Asmodee
Age : 13+
Nombre de joueurs : 1 à 4 (jusqu’à 6 avec l’extension)
Prix conseillé : 40 à 45€

Auteur / autrice

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