Le 13 mars 2023, Billie fêtait les 3 ans de son projet ludique « Dans la boîte ». C’est donc l’occasion de mettre en avant cette actrice ludique belge, porteuse de projets ludiques, humanitaires et touristiques. En effet, Billie n’est pas à son premier coup d’essai. Elle a aussi créé « I love my Pixels », Boussole Magique et a fondé le groupe Meeple Solidaire suite aux inondations de juillet 2021 en Belgique.
Salut Billie, à tous les lecteurs qui ne te connaissent pas, peux-tu te présenter brièvement?
Hello Daniel et bonjour à tous ! On m’appelle Billie (même si mon vrai prénom c’est Amandine), je suis belge (et pas peu fière de l’être une fois!), trentenaire (born in the eighties), blogueuse dans différents domaines, photographe, passionnée de beaucoup de choses, maman d’un trio de joueurs en herbe et je partage amoureusement ma vie, mes passions et mes sushis avec mon binôme Charlie.
Tout comme nous, tu as cette passion du jeu. Quand et comment as-tu contracté cette maladie ludique?
Parce que je connais presque par coeur les répliques de ces dessins animés qui ont bercé ma jeunesse, je répondrai : « que je suis tombée dans la marmite étant petite ». J’ai en fait toujours joué, avec ma maman à mon tant regretté « défense d’afficher » un jeu introuvable aujourd’hui (qui date des années 60), avec mon grand père à « bataille », toute seule (vive ma vie de fille unique fascinée par les jeux de société) avec Hôtel, Tintin à la poursuite du Totem d’or, Téléphone secret ou les mystères de Pékin. Enfant, je regardais avec envie mes parents et leurs amis jouer à Trivial Pursuit ou au Pictionnary en attendant le jour où, moi aussi, je serais assise à la table des grands.
Étant ado, je préférais organiser des soirées « loup garou » que sortir en boîte et je dépensais mes premiers salaires en boîtes de jeux plutôt qu’en shopping. Et aujourd’hui, c’est en tant que maman (et dans mon travail) que j’assouvis cette passion qui fait en réalité partie de mon ADN depuis mon enfance.
Je sais qu’avant « Dans la boîte », tu étais active avec « I Love my Pixels ». Peux-tu nous expliquer cette transition ?
Lorsque je suis tombée enceinte de mon premier lardon, j’avais envie de tenir un journal et d’y consigner tout ce que je vivais afin de, non seulement, garder une trace mais aussi de pouvoir partager cette aventure avec mes proches. Et puis, avec le temps, j’ai commencé à y parler de voyages, d’expériences en tant que maman, de jeux de société, d’escape game. Et au bout de 8 ans, tout cela commençait à devenir fouilli. Même si cela correspond totalement à qui je suis (une sorte de patchwork d’un tas de morceaux de différentes couleurs et différentes tailles), cela pouvait être compliqué pour les lecteurs qui cherchaient des informations plus ciblées.
On a donc (un peu à contre coeur pour moi) décidé de créer des sites différents : les voyages et excursions sur Boussole Magique, les jeux de société sur Dans la boite et pour le lifestyle cela restait sur I love my Pixels. Malheureusement, ces dernières années, j’ai totalement délaissé ce dernier par manque de temps.
Peux-tu nous parler du projet « Dans la boîte » et de cette opportunité de combiner ton talent de photographe avec ta passion de ludiste ?
Avant le confinement, la plus grande partie de mon travail de photographe était rythmée par les mariages et les séances familles. Avec le covid et toutes les mesures sanitaires, nous avons dû trouver une manière de nous réinventer. J’ai alors eu la chance d’avoir plusieurs éditeurs qui appréciaient les photos que je faisais, à l’époque juste pour le blog.
Il faut dire qu’il y a 3 ans, il n’y avait pas encore autant de créateurs de contenus ludiques qu’aujourd’hui (tout du moins au niveau visuel). C’était un vrai manque dans le milieu et après avoir convaincu de l’intérêt pour les éditeurs de disposer de supports de qualité pour leur communication, j’ai pu doucement en faire ce qui est aujourd’hui mon métier principal.
Depuis lors, le monde du jeu a très rapidement évolué et d’autres collègues sont venus compléter la proposition de photographies ludiques. J’ai également développé mon offre en proposant désormais des séances avec joueurs, des prises vidéos, etc.
Cela fait 2 ans cette année que Meeple Solidaire existe. Peux –tu revenir sur la genèse de ce projet ? Comment as-tu eu l’idée de créer ce groupe ?
Quand l’eau a envahi les rues, les maisons et le quotidien de familles un peu partout en Belgique, on s’est tous sentis démunis et inutiles face à l’ampleur des dégâts. J’ai eu la chance de ne pas être personnellement touchée par cette catastrophe mais, je ne pouvais pas rester à ne rien faire. Après avoir proposé de l’aide à mes voisins, des vivres et des vêtements, j’ai posté un message sur mon mur FB en lançant un appel à la solidarité. Je dois avouer que je n’avais aucune idée de l’ampleur de ce qui nous attendait.
Les réponses étaient très nombreuses, le monde du jeu est une incroyable communauté. En moins d’une heure, un petit groupe FB était organisé et rapidement, l’esquisse du projet était dessinée. Ensuite, tout a été très vite. Chacun a mis son temps et son énergie pour tout coordonner : des points de collecte, des communications sur les réseaux, la participations des éditeurs… C’était fou !
Les dons sont arrivés de partout. Depuis la France, les joueurs envoyaient des colis de jeux. Les éditeurs ont été bien plus loin que ce qu’on aurait pu imaginer, les dépôts dans les boutiques de jeux n’en finissaient pas. Il a ensuite fallu stocker, trier et vérifier chaque jeu (un travail titanesque !). Au final, près de 6000 jeux de société neufs et d’occasion ont pu être distribués aux sinistrés et aux écoles touchées par les inondations.
Les bénéficiaires de l’action Meeple Solidaire
C’était une aventure incroyable. Je remercie encore du fond du coeur tous les meeple solidaire, les éditeurs et les courageux colibris d’avoir cru en ce projet.
L’année suivante, au retour d’un FIJ (Festival international des jeux de Cannes), on a entendu à la radio l’annonce de la guerre en Ukraine. Alors qu’on était dans une bulle à Cannes avec les copains, les copines et pour seule angoisse d’avoir l’exemplaire d’Ark Nova avant qu’il ne soit sold out, on apprenait que des familles allaient devoir quitter leur maison et leur pays au nom d’une guerre sans fondement. Le contraste était dur à accepter.
On a alors proposé à la team des participants de la première action de solidarité de s’unir une fois encore pour faire quelque chose de bien. Ici, pas question évidemment de leur fournir des jeux, le but était de débloquer le plus rapidement possible de l’argent pour permettre à plusieurs ONG d’évacuer les villes critiques et de fournir de l’eau et des médicaments à ceux restés sur place.
Nous avons alors proposé aux illustrateurs et illustratrices ludiques ainsi qu’aux maisons d’édition de créer un artbook (un livre avec des illustrations sur feuilles cartonnées pouvant être détachées). Encore une fois, tout le monde a sauté dans le train et avec la participation de Philibert, nous avons pu récolter 6067€ pour 4 associations de terrain en Ukraine.
Quel est l’avenir de Meeple Solidaire ?
Pour l’instant, je ne sais pas. J’ai bien des idées en tête mais pas encore l’impulsion de les mettre en place. Notre ambition n’est pas de changer le monde à coups de boîtes de jeux. Mais comme dans la légende du colibri (je te la met plus bas), on essaye de faire notre part, du mieux qu’on peut. Je suis fière de faire partie de la communauté du monde du jeu, sincèrement.
En tant parent, peux-tu donner un conseil aux parents lecteurs sur comment jouer lorsqu’on a des jeunes enfants à la maison. J’en ai d’ailleurs parlé dans mon article mais ton avis apportera une pierre à l’édifice.
Pour être sincère, quand nos kids étaient tout petits, on ne jouait pas beaucoup. Il faut dire qu’ils ne dormaient pas beaucoup (et nous non plus). Quand ils ont commencé à grandir, on les a initié avec les grands classiques : pique plumes, le verger, et des jeux en bois. Et quand l’heure du dodo arrivait (et qu’on allait troquer nos casquettes de parents pour celles de joueurs), l’un de nous allait les mettre au lit (avec l’histoire tout ça tout ça) pendant que l’autre installait le jeu. On a ainsi enchaîné les découvertes ludiques et les campagnes des Pandemic legacy et de Detective.
Maintenant, ils ont 7 ans² et 10 ans et savent qu’une partie d’Ark nova peut prendre longtemps, que ça peut être animé à la maison quand on fait la campagne du Dilemme du Roi et que même quand on est grands (et vieux dixit mes tendres enfants), on a toujours le droit de jouer !
Les trois joueurs en herbe de Billie et Charlie qui visitent le World Of Mind. Reportage à retrouver sur Boussole Magique
Je pense que personne d’autres que Tatiana ne pourra aussi bien parlé de ce sujet. Je partage son point de vue et j’admire sa passion. De mon côté, j’espère vraiment qu’un jour on considérera les gens pour leur travail sans que leur genre ou leur origine ou toute autre particularité n’ait d’importance. Dans les séances que je réalise avec des joueurs et joueuses, on essaye d’améliorer la représentativité des femmes mais aussi des populations sous-représentées dans les communications du monde ludique. La situation évolue et j’essaye à mon niveau d’agir positivement sur la mixité de sexe, de culture ou de toute autre particularité (et c’est également un souhait de la majorité des éditeurs).
Un jour, dit la légende, il y eut un immense incendie de forêt. Tous les animaux terrifiés, atterrés, observaient impuissants le désastre qui s’étendait sous leurs yeux. Seul le petit colibri s’activait, allant chercher quelques gouttes avec son bec pour les jeter sur le feu. Après un moment, le tatou, agacé par cette agitation qui lui semblait dérisoire, lui dit : « Colibri ! Tu n’es pas fou ? Ce n’est pas avec ces gouttes d’eau que tu vas éteindre le feu ! » Et le colibri lui répondit : « Je le sais, mais je fais ma part. »
Légende amérindienne
Mot de fin
Je remercie Amandinee Aka Billie pour m’avoir consacré du temps pour cet article. Il est important, à mes yeux, de réunir toutes les actrices et acteurs belges du milieu sous la même bannière: celle de la Belgique ludique, une fois !
Par ailleurs j’en profite pour partager avec vous, chère lectrice et cher lecteur, un bon plan ludique. Dans la boîte organise un concours calendrier de l’Avent ludique sur Instagram. Le principe est simple: chaque jour, un jeu à gagner. Pour chaque post, tu as un mois pour participer. C’est simple et efficace, une fois ! Il n’y a plus qu’à vous souhaiter bonne chance !
Jeux préférés : Bruxelles 1893, Les aventures de Robin des Bois, Dice Forge, Ninjato, tous les jeux de Shem Philips, Path of Civilization, Watergate, Parks, Riversides, Wingspan