Marrakesh
Marrakesh, l’un des derniers jeux de Stefan Feld, a beaucoup fait parler de lui cette année, que ce soit pour ses qualités ludiques, son opulence matérielle et son prix. Le Diamant d’Or 2023 a été décliné en différentes éditions : Deluxe, Classique, et plus récemment, Essentielle. Cette dernière présente un matériel simplifié et un prix revu à la baisse pour répondre aux critiques des premières éditions.
Est-ce que Marrakesh est un jeu fait pour vous ? Est-ce que son édition Essentielle conserve intactes ses qualités ludiques ? C’est ce que je vous propose de découvrir avec moi. Comme d’habitude, après avoir passé en revue les principes du jeu, je vous livrerai mon avis sur Marrakesh et cette édition Essentielle.
Principes du jeu
Marrakesh vous place dans la peau de notables de la ville de… Marrakesh, qui vont tenter d’accroître leur influence en participant au mieux à son développement. Vous enverrez donc à chaque tour vos assistants aux quatre coins de la ville pour servir vos intérêts. Chaque action pourra être rendue de plus en plus efficace en récoltant les soutiens ou les marchandises adéquats. Ceux-ci sont représentés dans le jeu par des pions octogonaux appelés keshis, misés en début de tour. Mais vous ne récolterez pas nécessairement ce que vous avez misé, et il faudra vous adapter aux sorties pour en tirer le meilleur parti !
Le jeu se joue en 3 manches ou saisons, et chacune comprend 4 tours de jeu.
Un tour de jeu
Un tour de jeu comporte 4 phases :
- Choix des keshis et placement des assistants
- Récupération des keshis
- Actions des assistants
- Bonus rivière
Choix des keshis/placement des assistants
Au début d’une manche, chaque joueur dispose de 12 keshis, un pour chacune des couleurs présentes dans le jeu. En début de tour, chaque joueur va secrètement sélectionner 3 keshis parmi ceux qui lui restent.
Ces keshis correspondent à 9 actions différentes possibles (3 keshis sont des marchandises différentes qui donnent toutes accès au marché, et le keshi rouge est un joker). Lors de la révélation simultanée des keshis, chaque joueur va placer ses 3 assistants sur les emplacements d’action de son plateau personnel correspondant aux keshis qu’il a choisis.
Récupération des keshis
Les keshis de tous les joueurs sont ensuite mis en commun et jetés dans la tour à keshis. Les keshis qui en sortent sont triés par couleur sur le plateau de cette tour. Mais la tour est construite de manière à ce que certains keshis restent coincés dedans ! On n’est donc jamais sûr de ce qui va en sortir.
Chacun à son tour, en commençant par le premier joueur du tour, les joueurs vont pouvoir récupérer jusqu’à deux keshis de la même couleur, indépendamment de ceux qu’ils ont choisi en début de tour. Ces choix vont se poursuivre jusqu’à ce que tous les keshis disponibles aient été récupérés.
Dans l’édition Essentielle, ces keshis en bois peuvent soit être échangés contre leur équivalent en carton avant de prendre place sur le plateau personnel du joueur, soit faire progresser la piste correspondante sur ce même plateau.
Sans entrer dans le détail des multiples actions, le principe général est que ces keshis vont permettre de renforcer l’efficacité de l’action correspondante, permettant une progression plus rapide ou un choix plus étendu, par exemple. On peut donc s’emparer des keshis des autres joueurs pour renforcer nos propres actions !
Actions des assistants
Chacun à son tour, les joueurs vont pouvoir activer leurs trois assistants. Chaque assistant peut soit réaliser l’action du lieu où il se trouve (progresser sur une piste du plateau central, récupérer des ressources, acheter des objets, etc.) OU récupérer un keshi supplémentaire correspondant à la section choisie (sans en réaliser l’action).
Bonus rivière
À la fin du tour, les joueurs qui ont franchi au moins un bonus sur la rivière peuvent choisir un bonus parmi tous ceux qu’ils ont dépassés. Ensuite, le marqueur de tour est passé au joueur suivant.
Fin de manche
À la fin de la manche, un décompte de saison est déclenché.
Le joueur en première position gagne le bonus de la tuile rivière, qui est ensuite remplacée par la tuile de la saison suivante.
Chaque joueur doit payer toutes les ressources visibles sur les tuiles Provisions de son plateau personnel. S’il en manque au moins une, il perd toutes ses ressources et subit tous les malus de points de victoire visibles. Il est donc essentiel de rester attentif à ces coûts lors du choix des actions ! Une nouvelle tuile est ensuite révélée, augmentant le nombre de ressources requises et les pénalités correspondantes à chaque nouvelle manche.
Si la 3e saison n’a pas encore été atteinte, chaque joueur récupère un exemplaire des 12 keshis en bois. Le marqueur de saison est passé au joueur suivant, accompagné du marqueur de tour, et la saison suivante commence.
Fin du jeu et décompte des points
À la fin de la 3e saison, après le décompte de saison, on effectue le décompte final des points. Les points accumulés pendant la partie sont additionnés à différents bonus :
- Chaque secteur entièrement rempli de son plateau personnel rapporte 10 points.
- Les bonus des 3 tuiles Oasis les plus rentables sont comptabilisés.
- Chaque paire de ressources et/ou de marchandises restantes rapporte 1 point.
Le joueur avec le plus de points remporte la partie !
Mon verdict
Marrakesh peut sembler intimidant au premier abord. Il possède un matériel abondant, des règles longues, 9 actions et autant de pistes sur lesquelles progresser. J’avoue que moi-même j’avais des doutes au départ, prenant le jeu pour une usine à gaz. Cependant, une fois lancé dans la partie, tout devient fluide. Le système de choix simultané des emplacements d’action via les keshis limite les temps morts. On attend son tour uniquement lorsque les autres joueurs activent leurs assistants, ce qui se fait très rapidement.
Avec ses nombreuses voies stratégiques, Marrakesh offre une grande richesse et une énorme rejouabilité. En fonction des bonus disponibles et des premiers tirages de keshis, on peut emprunter des voies complètement différentes d’une partie à l’autre, sans qu’aucune ne soit systématiquement la meilleure. Bien que l’on dispose des 12 couleurs de keshis à chaque manche, le jeu encourage la spécialisation pour tirer le meilleur parti de ses actions. Tout l’intérêt du jeu réside dans la recherche de l’endroit et de la manière de le faire en fonction de la configuration du jeu et des autres joueurs.
Toutefois, il convient de faire attention aux nouveaux joueurs qui peuvent être un peu perdus. L’explication des règles peut être longue, mais il est essentiel de mettre l’accent sur les liens possibles entre les actions. À mon avis, une ou deux parties sont nécessaires avant de commencer à maîtriser les différents aspects du jeu et à élaborer une véritable stratégie.
Et cette édition Essentielle ?
Marrakesh propose un matériel abondant, même dans son édition Essentielle. Il est esthétiquement plaisant, et ses éléments sont solides. La version Essentielle nécessite un peu plus de manipulations (échanges de keshis en carton), mais cela n’est pas rédhibitoire. Ma seule critique concerne les portes, qui sont vraiment petites. Cela les rend peu visibles sur le plateau central et difficiles à manipuler. Vu la quantité de matériel, il est nécessaire de prévoir un temps de mise en place conséquent (20 à 30 minutes en ce qui me concerne, sur la base du matériel trié dans des sachets zip).
Le mot de la fin
En conclusion, Marrakesh mérite à mon avis amplement son titre de Diamant d’Or. C’est un excellent jeu de gestion pour les joueurs expérimentés, avec une mécanique originale et une grande profondeur ludique. C’est un incontournable pour les amateurs de jeux riches et exigeants ! De plus, son édition Essentielle est tout à fait suffisante pour en apprécier pleinement le potentiel ludique. Initialement disponible uniquement en allemand, une version française de cette édition vient de sortir, alors n’hésitez pas !
Fiche technique
Auteur : Stefan Feld
Illustrateur : Patricia Limberger, Franz Vohwinkel
Editeur : Queen Games
Distributeur : Atalia
Joueurs : 2 à 4
Durée : 120 minutes
Age : 14+
Jeu fourni par Atalia, nous restons libre du contenu