
Hadara
J’avoue que mon attirance pour ce jeu a d’abord Ă©tĂ© trĂšs superficielle : j’ai trouvĂ© la boite extrĂȘmement jolie. Mon intĂ©rĂȘt a donc Ă©tĂ© suscitĂ© sans mĂȘme savoir de quel type de jeu il s’agissait.
Bon, j’ai quand mĂȘme pris quelques renseignements sur les mĂ©caniques et le thĂšme du jeu avant de cĂ©der Ă la tentation, mais un jeu de stratĂ©gie et de gestion sur le thĂšme des civilisations ne pouvait que me plaire.
Le concept
Dans Hadara vous contrĂŽlez votre petite civilisation. De tour en tour vous allez acquĂ©rir des structures/personnages pour amĂ©liorer votre rendement ou vendre des cartes pour gagner de l’argent.
Le gagnant est celui qui aura le plus de points de victoire Ă la fin de la partie.
Vous allez donc acquĂ©rir des cartes de diffĂ©rentes couleurs, chacune Ă©tant spĂ©cialisĂ©e dans un rendement : jaune pour l’or, bleu pour la culture, rouge pour l’armĂ©e, vert pour la nourriture et violet pour les cartes Ă effets bonus.
Le concept est relativement simple Ă comprendre, mais long Ă expliquer, car on a plusieurs phases de jeu distinctes.
Une Ă©poque, c’est 2 phases de jeu. La partie va comporter 3 Ă©poques.
Je vais essayer de vous faire un tour d’horizon des phases en essayant de ne pas vous perdre au passage.

La phase A ou un draft nouvelle version
Durant la phase A, tous les joueurs vont piocher simultanément deux cartes. Chaque joueur va piocher dans un paquet de couleur différente.
Ensuite chacun va garder une carte et dĂ©fausser l’autre dans la dĂ©fausse correspondant Ă la couleur de la carte.
La carte ainsi conservĂ©e peut ĂȘtre achetĂ©e (en payant le coĂ»t en or) ou vendue pour rĂ©cupĂ©rer de l’or. On rĂ©cupĂšre plus d’or en vendant une carte d’un Ăąge supĂ©rieur, mais les cartes d’Ăąge supĂ©rieur coĂ»tent aussi plus cher.
En achetant les cartes et en les plaçant sous notre plateau joueur, on augmente la valeur de notre Ă©chelle de production, Ă condition bien sĂ»r qu’il y ait une production sur la carte. Pour la fin de partie, nous gagnerons aussi le montant des points Ă©crit en bas Ă droite de la carte.
Un systĂšme de roulette est mis en place pour indiquer au joueur dans quel paquet il doit piocher et permettant ainsi Ă chaque joueur de piocher une fois dans chaque paquet.
On terminera quand chacun aura bien pioché une fois dans chaque paquet (Pour une partie à moins de 5 joueurs, nous ne mettrons donc pas toutes les cartes en jeu, mais 2 cartes fois le nombre de joueurs par paquet).

Fin de la phase A
Une fois ce genre de draft fini, c’est le moment de passer aux rĂ©coltes. Nous allons donc chaque fois se rĂ©fĂ©rer aux Ă©chelles de production situĂ©es sur notre carte de joueur. Bonne nouvelle, cette Ă©chelle ne va pas diminuer en « consommant la production ». Ouf.
D’abord on amasse nos revenus, en touchant autant d’or que notre production d’or (jaune). Ce qui vient vraiment Ă pic vu que souvent Ă ce moment, on galĂšre pour se payer nos cartes.
Ensuite on peut prendre une colonie, si nous avons assez de force militaire (rouge) sur notre Ă©chelle de production. On peut soit la piller et prendre de l’or, soit l’annexer, payer le coĂ»t et obtenir une production supplĂ©mentaire. Dans les 2 cas, on gagne des points de victoire.
Ensuite, on utilise notre échelle de culture (bleue) pour sculpter un buste. Nous pouvons sculpter 4 bustes sur la partie donnant chacun des points de victoire et un bonus de production au choix.
Nous avons donc fini lĂ la phase A. On n’a pas touchĂ© Ă l’Ă©chelle de nourriture (verte), elle viendra en phase B.
La phase B, on recycle ce qu’on a dĂ©faussĂ©
Lors de la phase B, on joue Ă tour de rĂŽle en piochant une des cartes visibles dans les dĂ©fausses, c’est Ă dire la premiĂšre carte de la dĂ©fausse de notre choix.
La phase B est donc plus stratĂ©gique, car on sait ce qu’on va pouvoir acquĂ©rir ou au contraire quelle carte nous devrons vendre pour Ă©viter que nos adversaires ne s’en emparent.
Tout comme dans la phase A, nous devrons payer le coĂ»t de la carte pour l’acquĂ©rir, bien sĂ»r.
Une fois toutes les défausses ainsi vidées, on peut passer à la suite.

Fin de la phase B
La fin de la phase B ressemble sensiblement à celle de la phase A. Comme précédemment, on va faire les actions de « revenus », « colonisation » et « sculpture ».
Mais ensuite nous allons voir si nous avons assez de nourriture pour notre civilisation. Nous pouvons avoir plus de cartes que notre Ă©chelle d’alimentation. Si c’est le cas, nous devrons donc dĂ©fausser les cartes en trop et descendre nos Ă©chelles des valeurs sur les cartes ainsi dĂ©faussĂ©es. Notons que nous avons profitĂ© au prĂ©alable des ressources avant de les perdre.
Nous pourrons acheter aussi des sceaux d’argent et d’or. Ces sceaux permettent de gagner des points de victoire.
Récapitulatif des points de victoire
C’Ă©tait long, je vous le concĂšde. Mais pour faire un rapide tour d’horizon voici comment avoir des points de victoire :
- Les points de victoire mis sur les cartes qu’on a acquises et conservĂ©es
- Les points de victoire des colonies (pillées ou annexées)
- Les points de victoire des sculptures de bustes
- Les points de victoire des sceaux d’argent
- Les points de victoires des sceaux d’or
- Un point de victoire par lot de 5 piÚces dans votre réserve à la fin de la partie.
Mon avis

Des illustrations au top
Comme je vous l’ai dit, je suis tombĂ© amoureux en premier de la boĂźte. Je sais, on ne juge pas un jeu sur la devanture, mais ici, j’ai vraiment apprĂ©ciĂ© ce mĂ©lange de couleurs d’illustrations.
La boĂźte est vraiment le reflet du jeu. Ceci Ă©tant dit, car les couleurs et les illustrations reprĂ©sentent bien ce qu’on va trouver dans le jeu.
Je confirme aussi que les cartes sont vraiment trĂšs bien illustrĂ©es. Politiquement correctes, elles symbolisent bien toutes les civilisations ayant existĂ© et prospĂ©rĂ©. En jouant Ă ce jeu, on ne va pas se baser sur nos connaissances historiques ou culturelles, mais vraiment se plonger dans l’absolu d’une civilisation.
Seul bĂ©mol dans l’illustration des cartes, c’est que j’aurais aimĂ© avoir un nom de carte. Souvent j’en arrive Ă dire « je pose la carte des amazones » parce qu’il y a une femme archĂšre dessus, mais j’avoue un certain manque de dĂ©signation sur les cartes, rendant le contexte trop abstrait.
Du matos assez pratique

Le matĂ©riel n’est pas en reste. Je le trouve bien pensĂ©, et pratique.
Le plateau joueur est clair et le fait de pouvoir glisser les bonus changeant dans des carrés vides est top.
Le fait de pouvoir rajouter des +10 Ă nos Ă©chelles de production est aussi bien pensĂ©. En forme de flĂšches elles s’imbriquent parfaitement.
Si je devais ĂȘtre critique, je dirais qu’il manque un petit renfoncement sur les Ă©chelles de production pour que notre curseur ne glisse pas. Mais c’est pour chipoter.
Le placement des cartes sous le plateau est bien balisé. Il est vrai que la place que ça prend en fin de partie est à anticiper au début néanmoins.
Les colonies qu’on peut imbriquer les unes dans les autres c’est aussi sympa, pour bien les placer.

Et le must du must, ce que toute les boĂźtes de jeu devrait avoir : des espaces de rangement bien dĂ©finis ainsi qu’un tuto dans les rĂšgles pour ranger le matĂ©riel. Les Ă©diteurs/concepteurs qui font ça, je le crie haut et fort : JE VOUS AIME !!!
Un jeu un peu original et abordable
Ce jeu rĂ©invente le draft Ă mon sens. PlutĂŽt qu’un draft classique durant lequel on sĂ©lectionne sa carte et on passe au suivant, ici on choisit une carte sur deux et on a encore l’espoir de bien jouer pour rĂ©cupĂ©rer la carte rejetĂ©e.
C’est le principe fort de Hadara.
La gestion des ressources nous change aussi un peu des jeux du genre « civilisation ». On ne dĂ©pense pas nos ressources (si ce n’est notre argent), mais on augmente notre rendement.
Et comme toujours, il y a plus d’une route vers la victoire, et c’est vraiment quelque chose qui me plaĂźt dans les jeux de stratĂ©gie.
Si les rĂšgles peuvent ĂȘtre fastidieuses Ă expliquer, par la lourdeur des sĂ©quences de jeu, je trouve qu’elles sont encore bien abordables, car au final, chaque sĂ©quence est assez simple. Il faut juste maintenir l’attention de notre auditoire le temps de l’explication.
Et quand bien mĂȘme, je ne pense pas que si la premiĂšre Ă©poque est mal jouĂ©e, le jeu soit Ă ce point punitif que la partie entiĂšre s’annonce perdue d’avance.
Pour résumer
Hadara est Ă mon sens un trĂšs bon jeu de civilisation. Neutre de rĂ©fĂ©rence, beau, mais aussi avec une bonne dose de rĂ©flexion et de stratĂ©gie selon les actions de nos camarades de jeu. Le jeu se joue aussi bien Ă 2 qu’Ă 5 je trouve, et c’est assez rare pour le mentionner. Pour jouer Ă moins de 5, on va juste mettre en jeu moins de cartes.
J’avoue cependant que si j’ai pris plaisir Ă faire une partie, je n’ai pas envie dâenchaĂźner avec une autre tout de suite. Et j’ai attendu une semaine avant de remettre le couvert. Et la deuxiĂšme partie m’a Ă©tĂ© aussi agrĂ©able que la premiĂšre.
Un jeu que je recommande aux amateurs de stratĂ©gie, voulant une partie « moyennement courte » de 1h – 1h30.
Un futur classique qui va bousculer des 7 wonders et consort.
Fiche technique
Auteur : Benjamin Schwer
Illustrateur : Benjamin Schwer
Ăditeur : Z-man Games
Distributeur : Asmodée
Joueurs : 2 Ă 64
Durée : 60 minutes
Ăge : 10 +
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