Le Festival Internationnal des Jeux de Cannes : le compte-rendu complet !
Me voilà de retour de la côte d’Azur, après avoir écumé les allées du Festival International de Jeux de Cannes pendant 4 jours. J’ai finalement dû reprendre le train en sens inverse et rentrer en Belgique. Étonnamment, je n’ai pas testé tant de jeux (mais je suis ravi d’avoir testé la plupart de ceux que j’ai testés), j’ai beaucoup discuté, parfois même avec des Belges avec qui j’aurai pu discuter en Belgique, mais bon, quand on se retrouve à plusieurs centaines de kilomètres de chez soi, on a tendance à papoter et c’est très bien comme ça ! Je vous propose donc ici un petit aperçu de mon voyage. Alors évidemment, c’est difficile de condenser tout ça, je vais donc brièvement vous présenter ce à quoi j’ai joué, sans trop entrer dans les détails. L’article sera déjà bien assez long comme ça 😉
Au programme :
– Quelques chiffres sur le festival de Cannes
– Les jeux auxquels j’ai joué pendant le festival
– Les nuits du Off (et les jeux que j’y ai testés)
– Les As d’Or et leur cérémonie
– Et puis, bien entendu, si vous voulez un aperçu des jeux belges qui étaient à tester pendant le festival, vous pouvez aller voir ici : c’est l’article que j’avais rédigé avant de partir, et que je viens de remettre à jour, suite à mon voyage.
Le Festival de Cannes !
Quelques chiffres pour ceux qui ne connaissent pas encore ce merveilleux rendez-vous ludique :
300 exposants
pour 30 000 m² d’expositions.
Et ici, les gens viennent vraiment pour jouer ! La différence avec Essen est flagrante : à Essen, le public est à la recherche d’achats exclusifs ou à très bon prix (quoique, c’est discutable). A Cannes, on joue d’abord, et on achètera peut-être ensuite. Il y a d’ailleurs beaucoup moins de boutiques et d’espaces de ventes. On est donc moins pressé et on profite des parties auxquelles on joue. Et pour les francophones, c’est d’autant plus facile que tout le monde parle français ! Bon, mon accent belge n’est jamais passé inaperçu très longtemps, mais ça c’est un autre débat…
A quoi j’ai joué?
Bruxelles 1897 (par Etienne Espreman, illustré par Vincent Joassin, chez Geek Attitude Games)
Premier jeu testé pendant le salon, et il est bien belge ! Version « jeu de cartes » du célèbre Bruxelles 1893, avec des règles accessibles mais une très belle profondeur et des choix stratégiques prenants, un vrai régal. Que vous connaissiez le jeu original édité par Pearl Games ou non, foncez ! En fait, non : patientez… Car ce n’est pour l’instant qu’un prototype et il faudra attendre encore un peu pour voir la version finale. Mais on vous en reparlera, c’est sûr !
Space Gate Odyssey (de Cédric Lefebvre chez Ludonaute)
Construisez et organisez au mieux vos modules afin d’envoyer vos colons à la conquête d’autres planètes. Jeu malin et fluide, très interactif, j’ai adoré. On active des actions en déplaçant nos pions dans différentes salles, ce qui permet à tous ceux qui y sont déjà présents d’en profiter. Il y a donc très peu de temps morts. Et si le démarrage est lent, la partie ne fait que s’accélérer et on a envie d’y rejouer quand ça s’arrête. Ce jeu a fait beaucoup parler de lui pendant le salon, et à juste titre !
Farben (d’Apolline Jove chez Act’in Games)
Un petit jeu de communication et d’association d’idées. Chacun a 11 cartes de couleurs différentes en main. A chaque manche, nous allons devoir associer une de ces couleurs à un mot, et expliquer pourquoi on fait cette association. Quand toutes les cartes auront été jouées, il va falloir se souvenir des associations de chacun ! Il faudra donc avoir réussi à marquer les esprits avec son argumentation… Très prenant et varié, on se prend au jeu aisément.
Second Chance (de Uwe Rosenberg chez Act’in Games)
Sortez vos crayons de couleur pour profiter au mieux de ce jeu ! Nous allons devoir placer des formes (style Tétris) sur notre grille. A chaque manche, nous avons le choix entre deux formes, communes pour tous, et chacun choisit l’une d’elles. C’est celui ou celle qui parviendra à remplir le plus complètement possible sa grille qui l’emporte. Et si vous ne pouvez plus rien ajouter, vous avez droit à une seconde chance et piochez une nouvelle carte, en espérant que cela vous remette dans la partie… Un jeu zen et très serein. Je ne multiplierai sans doute pas les parties, mais qu’est-ce que c’était agréable cette petite pause en plein salon !
Wingspan (d’Elisabeth Hargrave chez Matagot)
Aucun doute, c’était mon coup de cœur du festival ! (Bon ce n’est pas très original, c’est le cas de beaucoup de monde.) Un jeu où la mécanique colle au thème, magnifiquement illustré, avec beaucoup de détails sur les différents oiseaux que l’ont va chercher à attirer chez nous. Un vrai beau jeu de gestion où l’on aura de moins en moins d’actions possibles au fil des tours. On se base sur des infos réelles pour savoir où attirer les oiseaux et comment les nourrir, et on pourra marquer des points selon leur type de nid ou encore leur taille. L’auteure a parfaitement réussi l’utilisation de données réelles dans la mécanique du jeu. Seul petit bémol, ce ne sont pas des oiseaux de chez nous (pour le moment?) et nous n’en connaissons donc qu’une toute petite partie.
Songbirds (chez Pixie Games)
Ici aussi on est dans les collections d’oiseaux. On va simplement se défausser de cartes tout au long de la partie afin de renforcer telle ou telle couleur de cartes. Petit à petit, une grille se forme où des majorités se dessinent. A la fin, on marquera des points uniquement en fonction de notre dernière carte restante… Agréable, sans être exceptionnel.
Après Big Monster : un Stand Alone et un nouveau jeu chez Explor8 !
De nouveaux projets se profilent chez Explor8 : tout d’abord, une extension pour Big Monster, sous forme de stand alone proposant de nouveaux monstres mais aussi plus d’interaction entre les coéquipiers, comme pouvoir aider son partenaire. En effet, notre tuile de départ nous permettra désormais de marquer des points en fonction de ce qui se trouve chez notre partenaire. A part ça, des girafes pouvant assembler plusieurs façons de scorer arrivent ainsi que des portails permettant l’entrée de monstres valant beaucoup de points. Et puis on va aussi essayer de constituer d’encore plus grands Big Monsters !
Et toujours en utilisant la même mécanique de draft, autre jeu devrait bientôt voir le jour sous forme d’un « draft and write ». Ici, plus de points sur les tuiles, on inscrira sur notre feuille de score nos résultats au fur et à mesure. On s’éloignera des monstres pour aller plutôt vers les jardins japonais, mais le graphisme n’est pas encore fait 😉
Burgle Bros (2 Tomatoes Games)
Cambriolez les différents niveaux d’une banque avant de fuir par le toit. Jeu collaboratif vraiment intéressant où l’on va pouvoir changer d’étage au fil du jeu. Très tactique, il faudra bien choisir si on reste groupés ou pas en fonction des déplacements des gardes ! Et bien entendu, les différents butins que l’on collectera nous encombreront et rendront notre aventure plus difficile. Je le recommande ! Et si Al n’en n’avait pas déjà parlé, j’en aurais probablement fait un coup de cœur !
Tokyo Highway (Chez Itten)
Testé en version géante et donc très dur de se faire une vraie opinion du jeu. On construit des routes et on pose des voitures afin de marquer des points. Un mélange de précision et de réflexion. Assez sympa, mais il faudrait que j’y rejoue en version classique pour m’en faire une idée précise.
L’Île au trésor (chez Matagot)
Ca y est, je passe au bon moment, juste quand une table se libère pour l’Île au trésor ! En plus, les gens avec qui je vais jouer sont super sympa, ça va être trop biiiien… Et bien finalement, non, c’est la fin de la journée, on n’a pas le temps de finir la partie… Dommage, ça commençait bien, mais avec juste deux tours de jeux, c’est un peu court pour pouvoir vous donner un vrai avis (mais ça a vraiment l’air bien et le début était vraiment prenant !). Et du coup, pas de photo, na (c’est pas fait exprès mais j’ai oublié…)
Fuji (de Wolfgang Warsch chez Super Meeple)
Encore un jeu de Wolfgang Warsch, et cette fois, avec des illustrations sublimes ! On est ici aussi dans du collaboratif, et on cherche à rejoindre notre village en fuyant une éruption volcanique. La lave avance, nous poursuit, et chaque déplacement est précieux. Or, pour se déplacer, il faudra se coordonner mais sans connaître exactement les jets de dés des autres. On tâtonne donc, on prend des risques, et on essaie de faire savoir aux autres si on risque de les gêner dans leurs déplacements ou pas. Sortie prévue au printemps, je vous en reparlerai sûrement à ce moment-là.
Paladins des Royaumes de l’Ouest (chez Pixie Games)
Petite déception pour moi. J’avais adoré Pillards de la Mer du Nord et Architectes des Royaumes de l’Ouest pour leurs mécaniques innovantes et les interactions très fortes entre les joueurs. Ici, la pose d’ouvriers est à nouveau renouvelée mais on joue chacun plus ou moins dans son coin. Le jeu reste plaisant mais je lui préfère ses aînés. J’avais sans doute un peu trop d’attentes pour ce jeu et il faudra que j’y rejoue car il reste tout de même très bon, passé cette petite déception. La campagne Kickstarter arrive très bientôt (le 6 mars) et il ne fait aucun doute qu’elle aura un franc succès !
Chakra (chez Blam !)
Belle petite surprise, on cherche à harmoniser nos Chakras grâce à des énergie positives. Petit jeu simple et stratégique qui se révèle être une course entre les joueurs. C’est à celui ou celle qui gérera au mieux la circulation de ses énergies et la gestion de ses jetons d’actions. Et pour ne rien gâcher, les illustrations sont superbes !
Last Hope (chez Repos Prod)
Encore un proto. Si vous connaissez Ghost Stories, pas de grande surprise, ce sera une re-thématisation de celui-ci dans un univers médiéval. Si on y retrouve quelques changements, les sensations restent les mêmes et le jeux se destine donc plutôt aux personnes ne possédant pas Ghost Stories et voulant se lancer dans du coop’ très difficile. Il devrait arriver pour Essen (octobre) et ravira sans problème ceux que l’ancien thème rebutait.
Kingdom Rush (chez Lucky Duck Games)
Voilà un tower defence basé sur l’application homonyme. On tient tous ensemble et on cherche à bloquer l’avancée des ennemis. J’ai juste essayé le scénario d’initiation que j’ai trouvé bien trop court. Assez difficile de se faire un avis, même si le jeu m’a paru abouti, mais c’était bien trop bref pour ressentir la tension de ces vagues monstrueuses qui avancent vers nous 🙂
Greenville 1989 (Chez Sorry We are French)
A mi-chemin entre le jeu de rôle et le jeu de plateau, on va devoir se frayer un passage dans un univers décalé, assez effrayant et regorgeant de références ! Avec des illustrations splendides et une mécanique permettant à tous de s’exprimer sans jamais laisser un joueur en arrière, ce jeu a tout pour faire parler les plus timides. Et même si un « maître de jeu » est nécessaire, celui-ci change à chaque tour, permettant à tous les joueurs de profiter pleinement de l’immersion.
Corinth (chez Days of Wonder)
La mode n’est pas encore passée, c’est encore un Roll & Write. Chouette petit draft de dés lors de chaque manche, on va essayer de regrouper des valeurs identiques pour petit à petit remplir notre feuille. Et comme souvent, on pourra marquer des points de plusieurs manières pour espérer remporter la victoire. Un rien trop peu innovant pour que j’apprécie vraiment, j’espérais que la thématique ressorte un peu plus. Mais bon, le jeu reste très plaisant, et comme souvent avec les Roll & Write, il pourra vite s’avérer addictif.
Draftausaurus (chez Ankama)
Jeu de draft de dinosaures. Ici on se passe les meeple représentant ces énormes reptiles afin de les placer dans notre parc et de marquer des points. Selon les zones, on cherchera à les grouper par couples ou à diversifier les espèces. Très rapide à expliquer, il se joue en une dizaine de minutes. C’était même un peu trop rapide pour moi, le temps de s’installer et c’était fini. Et d’ailleurs, j’en ai oublié de faire une photo… Je vous laisse donc imaginer à quoi pourrait ressembler un parc à thème plein de dinosaures.
Conférence
Voilà, au total, j’aurai testé 19 jeux pendant le salon, dont 5 au stade de prototypes. Comme je vous le disais, j’ai beaucoup papoté :-p
Et il faut dire que suis aussi allé à l’une des conférences organisées le samedi : « Jeux, mémoire et motivation – Si le jeu vous empêchait de perdre la boule? ». Avec des intervenants très intéressants (même si certains connaissaient un peu trop peu le monde du jeu de plateau pour pouvoir approfondir de manière détaillée), cela a permis de faire un peu le point sur certaines pratiques ludiques pouvant être adaptées pour ralentir l’avancée de certaines maladies de la mémoire. Plusieurs autres conférences intéressantes étaient programmées, elles seront bientôt disponibles en replay sur le site de Ludovox (ici), et attendant, vous pouvez toujours aller voir celles des années précédentes.
En termes de jeux, il y en avait aussi à tester lors des Nuits du Off où chaque nuit, de nombreux joueurs se réunissaient entre 22h et 4h du matin afin de tester de très nombreux prototypes…
Les Nuits du Off
Pour participer aux Nuits du Off ET vouloir faire le salon à fond, il faut soit une volonté de fer, soit une résistance hors pair. Je n’avais ni l’une ni l’autre, et même si je me suis à chaque fois dit que je ne resterais pas très tard, je n’y suis jamais arrivé. J’étais donc assez fatigué le samedi et j’ai fait une croix sur la dernière nuit pour me reposer un peu (12h de sommeil d’affilée, ça c’est du repos !)
Mais en trois nuits, j’ai pu faire de belles découvertes, voyez plutôt :
Greenwar
Jeu coopératif où l’on cherche à dépolluer la planète et détruire des usines. Très prenant et assez dur, on a bien perdu ! J’y ai passé un bon moment même si c’était peut-être un chouïa trop long.
Hanging Garden (par Olivier Grégoire)
Olivier avait deux protos avec lui lors de la première nuit. Je n’ai pu en tester qu’un en pleine nuit, mais on s’est bien plu. On cherche à créer des jardins suspendus en jouant avec les couleurs primaires que l’on va associer pour créer des couleurs secondaires. On monte petit à petit d’étage en étage et c’est super agréable. La mécanique manque encore un peu de rythme mais je suis convaincu qu’il y a vraiment quelque chose à développer dans ce proto !
Gargouilles (de Virginie Tacq)
Under Pressure
Entrez dans votre sous-marin afin de collecter de nombreuses ressources. Jeu de programmation où l’on ne pourra pas modifier énormément l’ordre des actions que l’on veut faire, et où, à chaque manche, nous aurons de moins en moins d’actions disponibles. Très réussi, les actions se jouent différemment selon que l’on se trouve en surface ou dans les fonds marins. Il faudra donc planifier et gérer au mieux. Une vraie réussite !
Crazy Dentist (de Vincent Joassin)
Celui-là, je le connaissais déjà ! J’y ai joué pour la première fois au salon YouPlay l’an passé (et d’ailleurs, le prochain, c’est déjà ce weekend !). Depuis un an, il a subi plusieurs liftings (le jeu, pas l’auteur, quoi que…) pour arriver à sa version actuelle. Avec un thème léger et un peu fou, on se retrouve avec un jeu profond et calculatoire où l’on cherche à récupérer nos dents arrachées par une crazy dentiste ! Ça marche bien, les parties sont courtes, et on a envie d’y rejouer !
La vallée de Côa
En pleine préhistoire, nous allons tenter de laisser notre marque pour les (nombreuses) nombreuses générations futures. On va donc essayer de survivre en s’adaptant aux déplacements du gibier et à l’épuisement des ressources, tout en cherchant à fabriquer des objets et à peindre de magnifiques peintures rupestres. Plein de bonnes idées dans ce jeu, dont le déplacement du gibier et l’épuisement progressif des ressources, même si j’étais sans doute un peu trop fatigué sur la fin pour en profiter pleinement 😉
Et l’as d’or dans tout ça?
11 jeux étaient nommés pour tenter de remporter ce prix prestigieux : 4 pour l’As d’Or enfant, 4 pour l’As d’Or et 3 pour l’As d’Or expert. On en a énormément parlé et je ne les ai pas tous testés. Je ne vais donc pas m’y attarder : pour revoir le détail des nominations, je vous invite à aller ici. On était content de voir le jeu belge Solenia y figurer et moi, à titre personnel, je croisais les doigts pour The Mind, même si je voyais l’As d’Or plutôt filer vers l’Île au trésor. Et finalement, non : c’est The Mind qui l’emporte, un jeu vraiment particulier que j’adore, mais que je pensais trop étrange pour remporter un tel prix. Comme quoi… Concernant l’As d’Or expert, je n’ai pas encore testé Detective, mais ça ne saurait tarder 😉
Quand à la cérémonie, même si elle était très bien faite et rythmée, elle était bien trop longue et sur la fin, la plupart des gens attendaient juste que ça se termine… Laisser parler tous les nominés est vraiment bien, mais si au final les gagnants ne peuvent même plus dire un petit remerciement, je trouve que c’est un peu dommage. Par contre, les québecquois de Es-tu Game on magnifiquement clôturé cette cérémonie, avec le faste dû à Cannes : https://www.youtube.com/watch?v=dLBw12vLal8.
Et pour finir, la fin en images
Je ne vous ai parlé que de jeux et pas de soleil ni de plage, et pourtant ils étaient bien là ! Mais je n’ai finalement fait que les entrevoir et il faudra donc que j’y retourne, l’an prochain ! J’ai adoré le temps passé par là, et puis, il n’y a rien à faire, même en février, la côte d’Azur, ça donne vraiment une sensation de vacances, une fois !
Maxence