La petite mort
La Mort est sur le point de prendre sa retraite et il faut quelqu’un pour prendre sa place… Mais pour prendre la relève de ce poste essentiel, il faut quelqu’un de compétent et c’est pourquoi vous allez passer votre Diplôme de Fauche !
Matériel
La petite mort nous emmène dans un univers décalé, empli d’humour noir. Le défi était de taille pour faire de la bande dessinée éponyme une réussite ludique. Et pourtant, c’est réussi : avec une mécanique simple, des cartes assez drôles et des illustrations de qualité, on se retrouve directement immergés dans l’univers de Davy Mourier.
Au niveau de l’édition, les français de Lumberjacks studio ont réussi leur coup avec une petite boîte en forme de cercueil qui attire directement l’œil. Les cartes et les pions tiennent parfaitement dedans et ne bougent pas pendant le voyage (ce qui est particulièrement appréciable si, comme moi, vous transportez régulièrement vos jeux).
Les règles, tenant sur quelques pages, ont la même forme que la boîte tout comme les Diplômes de Fauche nous donnant les objectifs de chaque partie. Un gros paquet de cartes trône au milieu de la boîte, avec des cartes de trois catégories :
– les cartes Personnage représentent des personnages célèbres que chacun aura dans sa zone de jeu et aura à cœur d’emmener sur son lit de mort,
– les cartes Caractère seront attachées aux personnages en question afin de représenter des événements marquants de leur vie, leur apportant forces et faiblesses et les rapprochant inexorablement de leur trépas,
– enfin, les cartes Fauche vous serviront à mettre un terme à la courte existence des personnages de vos adversaires.
On retrouve aussi des pions en bois personnalisés à l’effigie des petites morts et quelques jetons Death Powa que nous utiliserons bien évidemment dans la partie.
Le Jeu
Le jeu est une succession de manches décomposées en 4 phases. On continuera la partie jusqu’à ce que l’un des joueurs parvienne à obtenir son diplôme de Fauche.
Chacun a 3 personnages devant lui. Ceux-ci viennent de naître, il ne leur est encore rien arrivé et vous aller tenter de les faire vivre jusqu’à ce qu’ils atteignent un âge avancé. Ils ont déjà des forces ou des faiblesses représentées par des icônes respectivement vertes ou rouges. Dans notre main, nous disposons de 3 cartes Caractère et de 2 cartes Fauche. Nous avons aussi un espace représentant notre cimetière personnel, qui nous servira à placer les cartes obtenues au cours de la partie.
Phase 1 : événements de la vie
Petite étape de draft, on choisit une carte Caractère que l’on garde pour soi, et on en donne une à chacun de ses voisins. De prime abord anodine, cette phase est très importante et stratégique et c’est ici que le sort de vos personnages se décidera.
Parmi les 3 cartes avec lesquels ont se retrouvera, il va falloir en choisir deux que l’on placera sur la ligne de vie d’un ou deux de nos personnages. Ces cartes, tout comme les cartes Personnage, ont différentes caractéristiques : on y retrouve des forces ou des faiblesses, des points d’âme (en haut à droite) ainsi qu’une petite description. Chaque carte que l’on place derrière quelqu’un symbolise la vie qui passe, les expériences vécues et il en faudra 3 derrière un personnage pour que la vieillesse se fasse sentir. Mais encore faut-il arriver jusque-là…
Ainsi, Dark Vador aime particulièrement bronzer et créer des jeux de société… Cela lui donne des chances supplémentaire de mourir de façon étrange, d’avoir un cancer, ou de se suicider. |
Phase 2 : fauches
C’est bien sûr ici que les cartes Fauche entrent en jeu. Elles sont marquées des mêmes symboles que les faiblesses des personnages. Si un personnage adverse possède au moins les faiblesses mentionnées par une de nos cartes Fauche, nous pouvons envoyer une de nos petites morts afin de mettre un terme prématuré à son existence. Lorsque cela se produit, vous pouvez prendre la moitié des cartes attachées à ce personnage (carte Personnage incluse), arrondie au supérieur. Les cartes restantes vont au propriétaire du personnage, sauf si plusieurs joueurs on décidé de faucher la même personne, dans ce cas, les cartes sont réparties équitablement entre les faucheurs et ce n’est que s’il en reste que la personne fauchée récupérera quelque chose.
Un joueur adverse décide de faucher mon pauvre Dark Vador, il profite donc de son affection respiratoire et de sa tendance dépressive pour l’emmener avec lui… |
Toutes les cartes ainsi obtenues aboutissent dans notre cimetière.
Si un joueur n’arrive à faucher personne, il peut prendre un jeton Death Powa qui lui permettra d’attribuer une faiblesse supplémentaire à un personnage de son choix lors d’un prochain tour.
Phase 3 : le lit de mort
Si un joueur a devant lui un personnage ayant 3 cartes Caractère, il l’accompagne sur son lit de mort et place le personnage et toutes les cartes qui lui sont attachées dans son cimetière.
On accompagne Steve Jobs sur son lit de mort. |
Phase 4 : la vie continue
On repioche des Personnages pour en avoir 3 devant soi, et on s’assure de commencer la prochaine manche avec 3 cartes Caractère et 2 cartes Fauche en main.
Diplôme de Fauche
A n’importe quel moment du jeu, si un joueur remplit les conditions d’un des points du diplôme de Fauche en cours, ce joueur peut placer une de ses petites morts sur le diplôme. Dès qu’un joueur en a placé 4, il remporte immédiatement la partie ! Si plusieurs joueurs placent leur 4e petite mort en même temps, c’est celui ayant le plus de points d’âme dans son cimetière qui l’emporte.
Conclusion
Le jeu est léger mais sa mécanique simple permet à tous les joueurs d’accrocher. On est ici dans une mécanique qui sert pleinement le thème et tout ce qui se passe dans le jeu est donc très cohérent par rapport à l’univers. Les parties sont assez rapides et il faudra sans cesse faire attention à ne pas donner trop de faiblesses différentes à nos personnages sous peine de les voir se faire faucher. La phase de draft permet aussi de glisser à nos adversaires les faiblesses que l’on souhaite les voir poser et c’est donc un jeu bien plus stratégique qu’il n’y paraît. Évidemment, il faut adhérer à l’univers et accepter la part de hasard lié au tirage des cartes, mais l’équilibre du jeu est vraiment réussi et les jetons Death Powa permettent d’éviter qu’un joueur se retrouve à ne rien pouvoir jouer pendant de nombreux tours. Par ailleurs, le plaisir de découvrir les nouvelles cartes est bien là et, même si le texte n’a aucune incidence sur le jeu, c’est un fameux plus à l’immersion et au fun. Je souligne à nouveau la qualité éditoriale vu que même la boîte est en accord parfait avec la thématique. Cependant, je vous conseille vivement de l’essayer avant d’acheter, car même si la plupart des gens à qui je l’ai fait tester ont adoré, certains (dont Cowmic fait partie) n’ont pas accroché du tout (même si les cartes ont quand même tendance à plaire à tous !).
A bientôt, une fois,
Maxence
Et petit bonus, quelques suggestions musicales collant au thème :
Salope par Barcella : https://www.youtube.com/watch?v=Vrb4T4u-b9M
Le suicide par Barcella : https://www.youtube.com/watch?v=9q6ojntd654
Croque par Thomas Fersen : https://www.youtube.com/watch?v=kgs_8sIEtpk
Auteur et illustrateur BD : Davy Mourier
Bande dessinée originale éditée par les Éditions Delcourt