Acteurs

Olivier Grégoire

Vous le connaissez surement, Olivier Grégoire, c’est le co-auteur de Piratoons et de Aya. Vous en avez sans doute aussi entendu parler ; son prochain jeu « HOPE » débarque sur Kickstarter début juin. Par contre, vous ne savez probablement pas qu’il est français d’origine tout en étant belge de cœur, mais surtout qu’il est un acteur ludique pluridisciplinaire de la scène belge, c’est d’ailleurs pour ça qu’on vous en parle 😉

Les prémices


Olivier est né en 1971 et nous vient de la région de Metz. Ayant commencé des études d’audiovisuel en France, il passe le concours d’entrée à l’IAD qu’il réussit, et après quelques bières belges, le voilà embarqué pour 4 années d’études en réalisation à Louvain-La-Neuve. Suivront ensuite 2 années de coopération au Vietnam au terme des quelles, c’est en Belgique qu’il posera ses valises.
Après, ses études, c’est pour 10 années dans la télé et le cinéma qu’il signera, à la RTBF notamment et en tant que réalisateur indépendant.

Du cinéma au jeu


Etant adolescent, il joue à des wargames et des jeux de rôle qu’il délaisse à l’âge adulte. Il joue presque exclusivement à « Rêve de Dragon », dont il enchaine les parties des années durant. 
« On a même adapté le système de jeu (un peu à l’allemande, j’adorais) à l’Univers de Star Wars: on y a joué tous les jours pendant tout un été. A la fin, on était tous les maîtres de l’univers régnant sur 347 Etoiles Noires et une flotte de 873 Milléniums… »

C’est en offrant les Aventuriers du Rail à son fils qu’il découvre le jeu de société moderne : « C’est génial ». Olivier y retrouve un côté de JDR et des sensations de quand il était ado, c’est le déclic.

Très vite, il s’engage dans Ludo ASBL, voulant faire quelque chose de social grâce au jeu. C’est donc bénévolement qu’il se rend dans les écoles pour y faire des animations ludiques. Il est alors complètement pris par la passion.

Il se lance dans la promotion culturelle du jeu (toujours avec Ludo ASLB), et viennent ensuite les chroniques radio sur le même sujet (qui arrivent via les contacts de sa période « audiovisuelle »). 

Du jeu à la création


En 2010, il organise les premières Rencontres Jeu T’aime, presque tout seul, sous l’égide de Ludo ASBL, au Botanique. C’est grâce à celles-ci qu’il se fait connaitre dans le milieu ludique. 

Plus tard, la COCOF cherchait quelqu’un pour ses actions ludiques. Olivier a bien sûr passé les entretiens. Cela fait maintenant 4 ans qu’il y travaille au secteur ludothèque au service des ludothèques de la Région bruxelloise.
Le voilà dorénavant 100% dans le jeu, et en prime dans le secteur public dont il est un grand défenseur.
Son rôle à la COCOF : ludothécaire (d’1/3 à 1/2 temps selon les moments). Il est attaché à la ludothèque du quartier populaire et multiculturel de Saint-Josse, c’est un contact direct avec le public.
Le reste du temps, c’est un chargé de projets : chroniques radio, prospection, contacts éditeurs, tests de jeux, analyses de jeux, animations en ludothèque à Saint-Josse, organisation des Rencontres Jeu T’aime, collaboration avec Haïti  pour l’implantation d’un réseau de ludothèques, projets dans les écoles, réalisation d’un film sur le jeu à l’école, etc.
Il également chargé de fédérer les ludothèques bruxelloises et de faire la promotion du jeu auprès des professionnels de l’éducation.
Etre ludothécaire a souvent une image vieillotte mais on est loin de ce cliché à Bruxelles.
« Un ludothécaire, c’est pas une mamy derrière un bureau qui prête des jeux ».
C’est d’abord de l’animation, aller dans les écoles, faire de la formation.
Il existe plus d’une trentaine de ludothèques sur Bruxelles. Il y a plein d’actions fédératrices et un dynamisme incroyable.
« Ce sont des gens passionnants et passionnés dans tous les quartiers de Bruxelles. Tout le monde avec sa propre spécificité ».

Cette activité professionnelle pour la COCOF lui permet de réfléchir beaucoup à ce qu’est un jeu, le plaisir de jouer, comment l’utiliser à d’autres fins que le plaisir pur (pas le jeu pédagogique).


Mais en quittant la télé, moins d’espace à la création alors qu’Olivier aime créer, imaginer des jeux s’est donc imposé naturellement, c’est quelque chose qu’il aime faire et dont il a besoin. C’était donc une suite logique à son parcours.

Et il créa des jeux


Avec tout ça, on en oublierait presque qu’il est aussi auteur de jeux…
Le premier sorti est Piratoons avec Thibaut Quintens, ce jeu a bien fonctionné chez nous, il a même remporté Le Jeu Une Fois 2015 ! Mais pas que chez nous, il s’exporte très très bien et est largement présent aux USA, en France, en Allemagne, Italie, Pologne, Angleterre, Russie, et même Chine.

Durant 2 ou 3 ans, des idées de proto se baladent dans sa tête (et dans son ordi). Son premier jeu pensé y est toujours d’ailleurs, dans sa tête : « et un jour, il verra le jour ! ». On sait maintenant que dans le dossier proto de son ordinateur se cache 40 sous-dossiers… Olivier aime prendre son temps mais il a de la ressource !

Le premier jeu sur lequel il travaille vraiment, c’est HOPE. C’est pourtant Piratoons qui sortira avant. Venant ensuite AYA, toujours avec Thibaut.

Qu’est-ce qui nous attend ensuite me direz-vous…

Eh bien, un jeu signé avec Zoch. Mais visiblement, il y a de la confidentialité car il n’a pas pu nous en parler, ni même de pourquoi il ne peut pas en parler. Bref, notre curiosité est plus qu’attisée… probablement une sortie pour Essen 2017.

La cours de récré (Ki Kiffe Ki) qui nous était présenté à Ludinord se fait petit à petit. Pas encore signé, mais il y a de la lumière au bout du tunnel.

La news de notre rencontre avec Olivier, c’est : Piratoons 2 !!! Numéro 2, pas une extension, donc bien une suite à Piratoons. Toujours avec notre bon Thibaut. Evidemment, ça ne s’appellera pas comme ça (quoi que, on ne sait jamais avec ce duo aux commandes).
Après avoir fait le plus beau bateau, on partirait à la recherche de la dent du pélican, une suite logique. Ils en sont au début du projet, mais je suis déjà tout emballé. L’idée est de pouvoir y jouer indépendamment, on fait le bateau puis on prend la mer avec quelques avantages acquis lors de la construction du navire, une espèce de campagne. Suite au prochain numéro mais soyez rassurés, on suit ça de près et on vous tiendra informés.
« Et on a eu tellement d’idées en brainstorming qu’on pense déjà à « la suite de la suite », Piratoons III, totalement différent du 1eret du 2ème dans sa mécanique. L’idée serait de faire des suites, mais dans des styles de jeu différents, passer du jeu de rapidité, au jeu de placement d’ouvriers au party-game, le tout pouvant se jouer dans la continuité en mode « campagne », mais pour le fun, sans se prendre la tête… On adore mélanger les style, décloisonner, … »

Il y a de l’espoir…


L’actu brûlante d’Olivier, c’est le lancement du Kickstarter de HOPE le 9 juin. On a testé le jeu avec l’équipe DJUF : on est emballé ! Al vous le présentera dès le lancement de la campagne, peut-être aurez-vous envie de pledger J
Ça fait 6 ans depuis la genèse du jeu. Il a créé une première version en 2010 sans règles qu’il a offert à sa belle-sœur pour Noël (déjà avec les 36 tuiles). Et c’était au Festival EnJeux de la même année qu’il montrait à Etienne Espreman (Auteur de Bruxelles 1893 et un des boss de Geek Attitude Games) un premier cube en 3D sur le lequel le jeu est basé. A l’origine, le thème est « des lapins qui sautent sur des cubes ». Le jeu est ensuite présenté (après écriture des règles et développement d’une autre backstory « cosmique ») au concours CNJ de Boulogne-Billancourt où il est primé. Et alors qu’il allait abandonner le concept, le voilà signé sur Morning Players avec remaniement de la thématique et du développement de l’univers.
Lors de notre interview, je n’ai pas senti Olivier excité par le Kickstarter. On pourrait être échaudé par la première campagne qui a été avortée. Mais ce n’est pas ça, on le sent plus excité par le moment où il sortira et qu’il verra les gens y jouer… « C’est ça en tant qu’auteur qui compte : voir des gens qui passent une heure de leur précieux temps à joueur à un truc qui est sorti de ta tête… C’est magique ». Pourtant, gros investissement de la part de Morning Player sur la pré-campagne. On sent que MP a appris de ses erreurs et que ce KS est bien parti avant même d’être ouvert. Il est vrai qu’un KS, c’est de la communication et que son travail d’auteur de faire un jeu le plus sympa possible est terminé. Mais il sera quand même collé à son écran le 9 juin.


Et même plus…


Alors, il y a un truc qui était vraiment fort cool dans cette interview, c’est qu’on s’est vite éloigné de ma liste de questions, partant un peu dans tous les sens (je ne vous raconte pas la prise de tête pour structurer cet article). 

J’ai donc appris par exemple que le succès de Piratoons chez nous ne lui ouvre pas particulièrement de portes, même si une certaine confiance s’installe. 

Qu’être auteur est une activité qui ne peut lui permettre de gagner sa vie, c’est donc un plus et qu’il aime ce fait, ce n’est pas une pression dans son processus de création. Quelque part, même s’il m’a répondu « Joker » à ma question de s’il n’avait pas des envies d’éditions, il n’aime pas cette différence majeure entre auteur et éditeur qui lui a cette pression énorme qu’un jeu fonctionne. « Certes, en tant qu’auteur, les retours financiers sont ridicules comparé au temps passé… Mais à contrario, on a moins la pression que l’éditeur qui lui, compte là-dessus pour remplir son frigo. Et là, respect total pour un éditeur qui met SON argent dans un projet. Moi, mon frigo, je le remplis autrement, c’est cool. »

Aussi que Kickstarter, ce n’est pas son truc mais il le respecte. Il aime dans le schéma classique de l’édition d’un jeu que ça soit comme dans le cinéma, que quelqu’un investisse dans le projet car il y croit. Dans les KS « On ne vend plus un jeu mais l’image d’un jeu ».
« Or moi, je suis auteur, je fais des « jeux », pas des « images de jeux »… Ce n’est pas un jugement, faut juste avoir conscience de ce avec quoi et ce sur quoi on travaille et pas tout mélanger ».
Il ne savait pas qu’HOPE serait d’ailleurs KS mais il a confiance en l’équipe de Morning Players qui est jeune, dynamique et qui va gérer cette nouvelle manière de travailler à la perfection. Même si c’est pas sa came, il est loin de dire que ça ne doit pas exister. Il se considère d’une vieille génération et aime défendre les modèles qui sont ses valeurs. Par contre, il est clair que le monde change, et qu’il y a du positif à tirer de là aussi (même si on y perd autre chose en contrepartie). Sa devise : « Je suis né vieux, mais je mourrai jeune ».

J’avais déjà rencontré Olivier plus d’une fois avant cet interview, et j’apprécie cette personne. Tout d’abord car il aime la bière (et tout particulièrement ma jonquille [private joke]) ! Plus sérieusement, Olivier est vraiment quelqu’un de humble, qui dit les choses comme il les pense mais avec un respect de l’avis des autres. Et le tout, avec ouverture d’esprit. Réellement une personne qui gagne à être connue. On lui souhaite une bonne continuation et il est certain qu’on vous reparlera de ses projets.
Je clôturais surtout en n’oubliant pas de vous mentionner qu’un jeu expliqué par Olivier une fois, c’est vraiment chouette. Si vous avez l’occasion en salon d’avoir cette chance, saisissez-là !!!

Cowmic

PS : merci à l’équipe DJUF pour la relecture active de cet article et surtout merci à Olivier pour le temps accordé.

Auteur / autrice

Commentaires

09/10/2019 à 1 h 50 min

Je confirme tout le bien qui est dit de lui dans cet article. J'ai eu la chance de tester un de ces protos avec lui. J'en ai retenu sa passion, son professionnalisme,… un GRAND monsieur du monde ludique! 😉



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