Olivier Grégoire
Les prémices
Du cinéma au jeu
C’est en offrant les Aventuriers du Rail à son fils qu’il découvre le jeu de société moderne : « C’est génial ». Olivier y retrouve un côté de JDR et des sensations de quand il était ado, c’est le déclic.
Du jeu à la création
Le voilà dorénavant 100% dans le jeu, et en prime dans le secteur public dont il est un grand défenseur.
Son rôle à la COCOF : ludothécaire (d’1/3 à 1/2 temps selon les moments). Il est attaché à la ludothèque du quartier populaire et multiculturel de Saint-Josse, c’est un contact direct avec le public.
Le reste du temps, c’est un chargé de projets : chroniques radio, prospection, contacts éditeurs, tests de jeux, analyses de jeux, animations en ludothèque à Saint-Josse, organisation des Rencontres Jeu T’aime, collaboration avec Haïti pour l’implantation d’un réseau de ludothèques, projets dans les écoles, réalisation d’un film sur le jeu à l’école, etc.
Il également chargé de fédérer les ludothèques bruxelloises et de faire la promotion du jeu auprès des professionnels de l’éducation.
Etre ludothécaire a souvent une image vieillotte mais on est loin de ce cliché à Bruxelles.
« Un ludothécaire, c’est pas une mamy derrière un bureau qui prête des jeux ».
C’est d’abord de l’animation, aller dans les écoles, faire de la formation.
Il existe plus d’une trentaine de ludothèques sur Bruxelles. Il y a plein d’actions fédératrices et un dynamisme incroyable.
« Ce sont des gens passionnants et passionnés dans tous les quartiers de Bruxelles. Tout le monde avec sa propre spécificité ».
Cette activité professionnelle pour la COCOF lui permet de réfléchir beaucoup à ce qu’est un jeu, le plaisir de jouer, comment l’utiliser à d’autres fins que le plaisir pur (pas le jeu pédagogique).
Et il créa des jeux
Le premier sorti est Piratoons avec Thibaut Quintens, ce jeu a bien fonctionné chez nous, il a même remporté Le Jeu Une Fois 2015 ! Mais pas que chez nous, il s’exporte très très bien et est largement présent aux USA, en France, en Allemagne, Italie, Pologne, Angleterre, Russie, et même Chine.
Eh bien, un jeu signé avec Zoch. Mais visiblement, il y a de la confidentialité car il n’a pas pu nous en parler, ni même de pourquoi il ne peut pas en parler. Bref, notre curiosité est plus qu’attisée… probablement une sortie pour Essen 2017.
La cours de récré (Ki Kiffe Ki) qui nous était présenté à Ludinord se fait petit à petit. Pas encore signé, mais il y a de la lumière au bout du tunnel.
La news de notre rencontre avec Olivier, c’est : Piratoons 2 !!! Numéro 2, pas une extension, donc bien une suite à Piratoons. Toujours avec notre bon Thibaut. Evidemment, ça ne s’appellera pas comme ça (quoi que, on ne sait jamais avec ce duo aux commandes).
Après avoir fait le plus beau bateau, on partirait à la recherche de la dent du pélican, une suite logique. Ils en sont au début du projet, mais je suis déjà tout emballé. L’idée est de pouvoir y jouer indépendamment, on fait le bateau puis on prend la mer avec quelques avantages acquis lors de la construction du navire, une espèce de campagne. Suite au prochain numéro mais soyez rassurés, on suit ça de près et on vous tiendra informés.
« Et on a eu tellement d’idées en brainstorming qu’on pense déjà à « la suite de la suite », Piratoons III, totalement différent du 1eret du 2ème dans sa mécanique. L’idée serait de faire des suites, mais dans des styles de jeu différents, passer du jeu de rapidité, au jeu de placement d’ouvriers au party-game, le tout pouvant se jouer dans la continuité en mode « campagne », mais pour le fun, sans se prendre la tête… On adore mélanger les style, décloisonner, … »
Il y a de l’espoir…
Ça fait 6 ans depuis la genèse du jeu. Il a créé une première version en 2010 sans règles qu’il a offert à sa belle-sœur pour Noël (déjà avec les 36 tuiles). Et c’était au Festival EnJeux de la même année qu’il montrait à Etienne Espreman (Auteur de Bruxelles 1893 et un des boss de Geek Attitude Games) un premier cube en 3D sur le lequel le jeu est basé. A l’origine, le thème est « des lapins qui sautent sur des cubes ». Le jeu est ensuite présenté (après écriture des règles et développement d’une autre backstory « cosmique ») au concours CNJ de Boulogne-Billancourt où il est primé. Et alors qu’il allait abandonner le concept, le voilà signé sur Morning Players avec remaniement de la thématique et du développement de l’univers.
Lors de notre interview, je n’ai pas senti Olivier excité par le Kickstarter. On pourrait être échaudé par la première campagne qui a été avortée. Mais ce n’est pas ça, on le sent plus excité par le moment où il sortira et qu’il verra les gens y jouer… « C’est ça en tant qu’auteur qui compte : voir des gens qui passent une heure de leur précieux temps à joueur à un truc qui est sorti de ta tête… C’est magique ». Pourtant, gros investissement de la part de Morning Player sur la pré-campagne. On sent que MP a appris de ses erreurs et que ce KS est bien parti avant même d’être ouvert. Il est vrai qu’un KS, c’est de la communication et que son travail d’auteur de faire un jeu le plus sympa possible est terminé. Mais il sera quand même collé à son écran le 9 juin.
Et même plus…
J’ai donc appris par exemple que le succès de Piratoons chez nous ne lui ouvre pas particulièrement de portes, même si une certaine confiance s’installe.
Qu’être auteur est une activité qui ne peut lui permettre de gagner sa vie, c’est donc un plus et qu’il aime ce fait, ce n’est pas une pression dans son processus de création. Quelque part, même s’il m’a répondu « Joker » à ma question de s’il n’avait pas des envies d’éditions, il n’aime pas cette différence majeure entre auteur et éditeur qui lui a cette pression énorme qu’un jeu fonctionne. « Certes, en tant qu’auteur, les retours financiers sont ridicules comparé au temps passé… Mais à contrario, on a moins la pression que l’éditeur qui lui, compte là-dessus pour remplir son frigo. Et là, respect total pour un éditeur qui met SON argent dans un projet. Moi, mon frigo, je le remplis autrement, c’est cool. »
Aussi que Kickstarter, ce n’est pas son truc mais il le respecte. Il aime dans le schéma classique de l’édition d’un jeu que ça soit comme dans le cinéma, que quelqu’un investisse dans le projet car il y croit. Dans les KS « On ne vend plus un jeu mais l’image d’un jeu ».
« Or moi, je suis auteur, je fais des « jeux », pas des « images de jeux »… Ce n’est pas un jugement, faut juste avoir conscience de ce avec quoi et ce sur quoi on travaille et pas tout mélanger ».
Il ne savait pas qu’HOPE serait d’ailleurs KS mais il a confiance en l’équipe de Morning Players qui est jeune, dynamique et qui va gérer cette nouvelle manière de travailler à la perfection. Même si c’est pas sa came, il est loin de dire que ça ne doit pas exister. Il se considère d’une vieille génération et aime défendre les modèles qui sont ses valeurs. Par contre, il est clair que le monde change, et qu’il y a du positif à tirer de là aussi (même si on y perd autre chose en contrepartie). Sa devise : « Je suis né vieux, mais je mourrai jeune ».
Commentaires
Je confirme tout le bien qui est dit de lui dans cet article. J'ai eu la chance de tester un de ces protos avec lui. J'en ai retenu sa passion, son professionnalisme,… un GRAND monsieur du monde ludique! 😉