
Resafa
Dans Resafa, les joueurs incarnent des marchands du IIIe siècle après J.-C. installés dans un poste fortifié au cœur du désert syrien. Leur mission ? Transformer cette cité caravanière en un véritable carrefour économique en commerçant et en construisant ateliers, jardins et réseaux d’irrigation pour en tirer richesse et renommée. Resafa est le dernier jeu de Vladimir Suchy (Underwater Cities, Evacuation, …). Si vous êtes curieux d’en connaître les principes, je vous en explique les grandes lignes ci-dessous. Après quoi je vous livrerai mon avis sur le jeu.
Les principes de Resafa

Une manche de Resafa
La partie se déroule en 6 manches, chacune rythmée par le jeu de cartes Action. Chaque joueur dispose d’un petit deck personnel de cartes (6 au total), dont il jouera trois cartes par manche. Ces cartes permettent de réaliser deux actions : une action principale et une action « couleur » (bonus). Chaque carte est en outre divisée en deux, chaque moitié comportant une association différente d’action principale et bonus. Mais une seule de ces deux combinaisons d’actions sera activée en jouant la carte. Une bonne planification de leur enchaînement est donc essentielle, car ces cartes seront toutes jouées avant de pouvoir être récupérées (à la fin de chaque manche paire).

Les actions
Les actions principales disponibles sont au nombre de six :
- construire des ateliers pour produire pierres, marbre, épices, amphores… ou obtenir des chameaux indispensables au commerce;
- planter des jardins entre les ateliers pour récolter des bonus et progresser sur des pistes de couleur;
- activer la production de ses ateliers pour collecter des ressources ou marquer des points;
- construire le réseau d’irrigation via des canaux jusqu’aux citernes, élément vital de la cité;
- acheter et vendre des marchandises dans des comptoirs commerciaux pour engranger des pièces;
- jouer une action « couleur » de son choix.

Les actions « couleur » offrent un choix parmi 3 possibilités :
- prendre une carte bonus de la couleur correspondante;
- avancer sur la piste de la couleur correspondante;
- prendre une carte Sac face cachée.
Les cartes bonus et sac peuvent être jouées immédiatement ou gardées en main pour un usage ultérieur. Elles procurent en général un bonus immédiat lorsqu’elle sont jouées (ou 1 PV pour les Sacs). Les avancées sur les pistes de couleur vont quant à elles donner accès à des cartes plus puissantes, en échange d’un investissement plus important. Elles ne seront en effet accessibles que lorsque le marqueur de la piste correspondante atteindra certains paliers (3 niveaux par piste).
Scoring de pluie
A la fin de chaque manche paire a lieu une phase de scoring de pluie. Au cours de cette phase, les cubes d’eau qui ont été reliés au réseau d’irrigation par les joueurs vont s’écouler. Il faut poser judicieusement des canaux sur le réseau hydraulique pour canaliser ces pluies. Cette eau, si elle passe par vos canaux, est une source très lucrative de points de victoire !

A la fin de cette phase, toutes les cartes actions jouées sont récupérées en main et redeviennent donc disponibles.
Scoring final
La partie s’achève après la 6e manche par un décompte final prenant en compte :
- le nombre de tuiles scarabées collectées;
- les points accordés par les constructions (jardins, ateliers et canaux) selon les progrès de leur piste de marchand;
- les cartes spéciales de fin de partie collectées;
- les ressources et marchandises non dépensées;
- les points de victoire gagnés en cours de partie.

Le marchand le plus influent, et surtout le mieux préparé à tirer profit du désert, sera sacré vainqueur.
Mon verdict sur Resafa
Des choix nombreux…
J’aime beaucoup la proposition ludique de Resafa. Là où certains eurogames se lancent dans une surenchère de mécaniques imbriquées, d’actions bonus et de combos, Vladimir Suchy offre ici un jeu à la proposition simple et claire : 18 actions au total, à choisir parmi six, pour accumuler un maximum de PV.
Malgré cette apparente simplicité, chaque action va devoir être mûrement pesée grâce au système de cartes à double action. Choisir une action principale, c’est non seulement choisir également l’action couleur associée, mais c’est aussi renoncer à l’autre combinaison de la carte. Certaines voies stratégiques seront donc en concurrence. Tandis que d’autres seront plus favorablement associées à certaines pistes de couleur. Chaque action « Couleur » présente également son choix propre, entre un bénéfice immédiat mais faible, ou un bénéfice potentiellement plus important, mais futur. Les combinaisons variant en fonction du deck de départ, il faudra donc s’adapter à ce dernier pour établir ses plans. J’aime beaucoup ce système à la fois clair et engageant dans la partie.
J’apprécie aussi la montée en puissance des actions. Pas de combos à gogo qui rallongent les tours, mais des productions, des capacités de transport, des bonus qui augmentent. Cela pousse à nouveau à faire des choix stratégiques assez tôt dans la partie pour en profiter au maximum.
Le timing est également important, puisqu’on ne récupère ses cartes Actions que toutes les deux manches. Parfois le tirage initial viendra contrarier un plan parfait. Cette légère touche de hasard ne m’a toutefois pas gênée, car elle reste limitée.
… mais un cadre simple et clair
L’interactivité est plutôt faible dans Resafa. Elle se limite la plupart du temps à un peu de concurrence sur les cartes bonus ou l’offre de tuiles. Elle est un peu plus prononcée sur le tableau des canaux où il est possible de détourner une précieuse goutte du réseau de ces adversaires. Mais rien qui ne remette complètement en question une stratégie établie.
Resafa entraine peu de frustration (contrairement à d’autres titres de Vladimir Suchy). Globalement, il est toujours possible de suivre les plans qu’on a pu établir en début de partie. Le gagnant sera celui qui aura le mieux optimisé ses 18 actions, sans avoir de heurts directs entre les joueurs. Cet aspect pourra décevoir les joueurs à la recherche d’un challenge sans cesse changeant au cours de la partie. Mais il pourra au contraire en séduire d’autres qui apprécient pouvoir dérouler une stratégie sans risque de voir tout s’écrouler sur une action malheureuse.
Côté esthétique, Resafa affiche un look un peu old school, « à l’allemande ». Mais le plateau et l’iconographie sont très clairs et le tout rend la lecture du jeu très facile.
Le mot de la fin
En résumé, Resafa n’amène pas de révolution dans le monde ludique. Il est plus simple et moins frustrant que les précédentes productions de Vladimir Suchy (Underwater Cities, Evacuation, …). Mais ses règles relativement simples et ses voies stratégiques claires en font pour moi une belle porte d’entrée pour amener de nouveaux joueurs vers les eurogames.
Fiche technique
Conception: Vladimír Suchý
Illustration: Michal Peichl
Édition: Delicious Games (VO), Intrafin (VF)
Distribution : Intrafin
Joueurs: 1-4
Age:14+
Durée: 60-150 minutes