Farben
Ceux qui ont quelques notions d’allemand s’en doutent, dans la nouvelle localisation de chez Act’in Games, nous allons jouer avec les couleurs ! Farben signifie couleurs en allemand, et les couleurs sont nombreuses dans ce jeu, même si la charte graphique est très épurée et plutôt basée sur le blanc… Où sont-donc les couleurs promises? Sur certaines cartes, et puis, dans la richesse des nombreuses histoires racontées dans ce premier jeu d’Apolline Jove.
Comment ça marche?
Quand on ouvre la petite boîte de Farben, on se retrouve face à de nombreuses cartes. Chaque joueur va recevoir un ensemble de 12 cartes de couleurs différentes. Le verso est propre à chacun afin de pouvoir les différencier facilement.
Sur les cartes restantes se trouvent des mots, un de chaque côté. Nous allons prendre 10 cartes Mot et remettre les autres dans la boîte. Le premier joueur peut alors tirer la première de ces cartes et choisir quel mot l’inspire le plus – recto ou verso – et le placer au centre de la table. C’est à ce moment que les couleurs entrent en jeu : chacun va simultanément choisir dans sa main la couleur que lui inspire le mot en question et mettre cette carte face cachée devant lui.
Ensuite, en commençant par le joueur ayant choisi le mot, chacun va montrer la couleur choisie et expliquer les raisons de son choix, éventuellement en racontant une petite histoire qui, dans la mesure du possible, marquera les esprits. Ces couleurs sont ensuite placées face cachée sous la carte Mot avant de débuter le tour suivant.
Nous allons poursuivre ainsi en changeant de premier joueur à chaque manche jusqu’à ce que toutes les cartes Mot de la pioche aient été jouées.
On passe alors à la seconde phase du jeu : la restitution ! Il va maintenant falloir se souvenir des histoires racontées par chacun, et retrouver les couleurs qui y ont été associées. Le joueur à droite du premier joueur initial choisit l’un des paquets (constitué d’un mot et des cartes couleurs de chaque joueur) et le donne au premier joueur. Celui-ci va donc devoir dire qui avait joué telle ou telle couleur. C’est à ce moment que l’on va marquer des points. Pour chaque bonne réponse, on gagne 2 points. Le joueur qui avait joué la carte reçoit lui aussi un point car son histoire à marqué les esprits. Pour noter les points, un carnet de notes est fourni, où l’on cochera chaque bonne réponse.
Une fois que le premier joueur a fini avec son mot, il en choisit un autre qu’il va attribuer à son voisin de gauche. On poursuit comme cela pour 2 ou 3 tours de table (selon le nombre de joueurs).
Bien entendu, il est possible (et même fréquent) qu’un joueur cale et ne se souvienne plus des couleurs jouées. Dans ce cas, il peut demander un indice à la personne ayant joué la couleur. Ce dernier donne alors un seul mot ayant été prononcé dans l’histoire racontée. Si cela permet de se souvenir de la couleur, chacun gagnera un point, sinon tant pis. Bien entendu, on ne peut pas avoir d’indice pour les couleurs que l’on a jouées soi-même (et ce ne sont pas forcément les plus faciles !).
A la fin, c’est évidemment celui ou celle ayant le plus de points de victoire qui l’emporte.
Mon avis
Au premier abord, le matériel est surprenant. Des cartes blanches avec du texte noir pour un jeu sur les couleurs, c’est quand même étrange. Mais les couleurs, c’est nous qui allons les créer et les associer et ce style graphique renforce cet esprit. On se concentre sur les histoires racontées plus que sur le matériel proposé. L’important ici sera donc ce que les joueurs apporteront et les cartes Mot et Couleur ne sont que des outils.
On se plonge alors dans les premières histoires sans trop savoir où l’on va. Pour beaucoup, c’est assez difficile de se lancer (et je fais partie de ceux-là), d’autant plus que l’on a tendance à jouer les couleurs « faciles » en premier, comme le rouge, le bleu ou la carte multicolore. Mais vu que l’on ne récupère pas les cartes jouées, on doit se débrouiller pour imaginer quelque chose avec ce qu’il nous reste à la fin, nous poussant généralement à imaginer toutes sortes d’histoires. J’adore cette étape de création, et je la trouve particulièrement réussie car par la suite, il faudra restituer ce que l’on a entendu. Il faut donc être à l’écoute, ne pas faire autre chose, ne pas être distrait, et se consacrer pleinement au jeu et au temps passé avec les autres.
Vient ensuite la deuxième étape, où l’on cherchera à piéger les autres en leur attribuant des paquets pour lesquels on pense qu’ils n’auront pas les réponses. Ici, notre mémoire aura tendance à nous jouer des tours, la difficulté augmentant avec le nombre de joueurs. Au final, il y aura des points mais on peut sans problème y jouer sans, juste pour le plaisir.
Le fait d’avoir deux étapes amène de la variété et une vraie richesse dans le jeu. Les deux phases procurent vraiment des sensations très différentes, on ne s’en lasse donc pas. Et comme souvent avec ce genre de jeux, les parties dépendront très fort des joueurs autour de la table, et ne se ressembleront donc jamais ! On peut y jouer avec tout le monde, et c’est parfait pour regrouper toute la famille !
Genre et règles (et articles !)
Une autre chose m’ayant particulièrement plu, externe au jeu en lui-même mais vraiment importante : à la fin des règles, il y a un petit paragraphe expliquant l’importance qu’accorde Act’in Games à l’égalité entre tous les groupes humains. Ils ont donc choisi de rédiger les règles avec la forme neutre identique au masculin par facilité d’écriture et de lecture mais sont sensibles au combat pour l’équilibre entre les femmes et les hommes. Une raison supplémentaire de soutenir ces Bruxellois qui, en plus de nous proposer d’excellents jeux, réfléchissent à la dimension sociale de leurs créations.
Maxence
Auteure : Apolline Jove
Editeur – Act In Games (reloaded de Spielwiese)
Distribution – Geronimo (BE) – Blackrock Games (FR)
Age : 10+
Durée : 20 à 30 minutes
Joueurs : 1 à 5
Prix : environ 13 €
Farben en pleine partie, à Cannes, en présence de l’auteure |