Thibaut Quintens
Thibaut à Trolls & Légendes |
Il est des rencontres qui se font un peu par hasard et en s’intéressant aux personnes derrière les rencontres, on découvre parfois des gens fort biens. Pour moi, Thibaut Quintens, c’est une de ces rencontres qui m’a donné envie d’en savoir plus et surtout de vous en parler.
Thibaut, c’est l’homme aux multiples casquettes ludiques. Il est le fondateur de Let’s Play Together ASBL, il est le patron de la maison d’édition Act in Games, il est un des deux auteurs de Piratoons et il fait partie de l’équipe BlackRock Edition (France). Il est également professeur-invité à la Haute Ecole de Bruxelles dans le cadre de l’année de spécialisation en Sciences et Techniques du jeu. Le tout en étant un personnage fort sympathique et attachant.
Nous l’avons rencontré et nous lui avons posé quelques questions sur ses activités. Je vais essayer de vous faire un petit point sur la situation…
Ses activités…
– Let’sPlay Together. Nous vous avons déjà parlé de cette super association dans un article dédicacé. Thibaut en est le fondateur. En tant que président du Conseil d’Administration (4 personnes), il fait ici appel à candidature pour un nouveau membre (les coordonnées sont sur le site internet).
– Piratoons. On vous a proposé une présentation de ce jeu, il faut que vous le testiez si ce n’est pas encore fait. Thibaut en est co-auteur et est en pleine campagne de promotion de celui-ci.
– Act in Games. C’est une maison d’édition belge que Thibaut dirige. C’est un projet qui a pour but d’être rentable et qui à l’origine est orientée vers le Serious Games (le jeu comme outil de de communication, d’une valeur, d’un message ou d’un événement). Quelques gros projets réalisés lui ont permis d’éditer Piratoons. La sortie du jeu ouvre des portes à la société mais Thibaut ne sait pas encore exactement vers où cela va le mener. Plutôt intuitif que calculateur, il fait confiance et est ouvert à de nouveaux partenariats.
– BlackRock Edition. Société d’édition française. Thibaut fait aujourd’hui partie intégrante de l’équipe « la blackrock family ! », il est responsable du développement de l’export et participe également à l’édition de nouveaux jeux (je vous reparle encore une fois de Gaïa de chez eux, à tester absolument).
Comment en est-il venu à la création de Piratoons…
Thibaut fait partie de ces personnes qui n’ont pas eu la télé étant enfant, il a donc beaucoup joué à la place, et on peut dire que ça lui réussit bien.
Il y a une dizaine d’années, lorsqu’il était coordinateur de l’ASBL Empreintes, il répond à un appel à projet pour la création d’un outil pédagogique pour les jeunes de 5ème et de rhéto pour les sensibiliser à la question de la mobilité urbaine. Sa proposition est de faire un jeu « Optimove». Il décroche la subvention et avec son équipe, il réalise donc le jeu. C’est son premier contact avec la création, il prend pleinement conscience de l’impact du jeu comme moyen d’échanges et de rencontres et trouve que c’est une super expérience.
Il aidera plus tard à développer la seconde version du jeu pour un public plus jeune (une version simplifiée « Optimove junior »).
En 2009, le voyage qui est à l’origine de l’ASBL Let’s Play Together. Dans son sac, des jeux de société pour tisser des liens. Deux ans et demi plus tard, de retour en Belgique, il partage son expérience (à travers des expositions et des conférences) et ce partage l’amènera au développement d’animations/formations autour du jeu mais aussi à la mise en place d’ateliers créatifs sur le thème du jeu.
Il lancera ensuite Act in Games, une activité qu’il développe d’emblée avec une nécessité de rentabilité, il faut bien vivre sa vie après tout. Il se spécialise dans le jeu sur mesure, les « Serious Games ». Il travaille entre autre pour Delhaize.
Début 2014, il sortira sous Act in Games un jeu qu’il co-signe avec Jim Dartwa : « Hao Hao » pour Pairi Daïza.
Il n’aime pas créer un jeu seul, enfin, il n’en a pas envie en tous cas. Ses idées et sa créativité sont bien meilleurs, plus jouissifs, dans la confrontation, le brainstorming. Et humainement, ça lui correspond bien. C’est donc avec Olivier Grégoire qu’il se lancera dans l’aventure Piratoons. Olivier qu’il a « rencontré » alors qu’il était encore en voyage au travers d’une exposition « Let’s Play Together » en Belgique que Olivier a organisée avec la sœur de Thibaut.
Il ne nous cachera pas que seul, il aurait sans doute mis 5 ans pour faire le jeu et que le résultat ne serait pas aussi abouti. Piratoons, c’est une référence à ses souvenirs d’enfant, au plaisir d’assembler et des choses qui s’imbriquent, se connectent. A l’origine du projet, , il y a eu des idées de bateaux 3D, mais malheureusement dans un premier temps inéditables (qui sait, on aura peut-être un jour une version collector). Le jeu se voulait suffisamment facile pour le grand public mais avec la possibilité d’un plus grand niveau de technique lorsqu’on maîtrise (et oui, il n’y a pas de stratégie cachée dans ce jeu).
Pourquoi avoir choisi d’éditer Piratoons lui-même…
Le projet Piratoons dans le cadre d’Act in Games s’est poursuivi en partenariat avec FishingCactus et le but était de développer un jeu vidéo et un jeu de société en parallèle avec le même nom.
Le jeu de plateau est là, le jeu vidéo toujours pas. Les 2 parties étant autonomes, Thibaut et Olivier ont avancé sur le projet, même si chez Fishing Cactus, ça ne bougeait pas trop.
Lors de présentation de la première maquette du jeu chez Fishing Cactus, ils ont adoré et proposé de s’occuper de tout le graphisme. Ce qui entraînera quelques soucis car les illustrateurs de jeux vidéo n’ont pas forcément la même méthode de travail qu’en impression et qu’ils n’avaient jamais réalisé de jeux « 2D » (le choc entre le monde du jeux vidéo et de l’impression). La mise en page sera au final réalisée par quelqu’un d’extérieur mais les graphismes accrocheurs de Fishing Cactus apportent un réel plus, le dessin étant capital dans ce genre de jeu.
Le jeu est ensuite inscrit à plusieurs festivals pour la zone proto (dont au BGF l’année dernière) et à plusieurs concours.
Ils sont alors sélectionnés pour le CNJ. Il passe des 100 présélectionnés, aux trente de l’étape suivante pour finir dans le top 10.
Et une fois dans ce top 10, les propositions d’édition commencent à tomber. Lors du WE final CNJ, des propositions très intéressantes sont faites. De gros noms de l’édition s’intéressent au jeu et le veulent dans leurs catalogues. Toutes ces propositions font gentiment tourner la tête aux auteurs, il y a prise de conscience que le jeu ne doit pas être si mal étant donné l’engouement qu’il suscite.
Un des éditeurs intéressés fera germer l’idée dans l’esprit de Thibaut de lui faire auto-éditer Piratoons. Ses arguments sont simples, il a l’expérience de l’édition avec Act in Games, pas vraiment besoin d’un éditeur à part pour les finances, peu de choses sont à changer dans le jeu car de nombreux tests déjà faits et un design plus qu’abouti, le produit est quasi prêt à sortir. Sans oublier que depuis les premiers pas, Thibaut est là à chacune des étapes.
Il décidera donc de refuser toutes les propositions et de se lancer. Et on peut dire que ce refus fera des déçus. Il nous avouera que c’est une excellente idée pour l’expérience, peut-être moins pour les finances car la distribution ne sera pas la même que certaines des propositions reçues.
Mais il reçoit le soutien de BlackRock France et BlackRock Benelux pour la distribution et quelques garanties sur le nombre de boîtes.
L’avantage de le faire lui-même, c’est qu’il pourra le réaliser comme il le désire. Une belle boîte de superbe qualité d’édition, de taille pas trop grande mais surtout bien remplie (tel un coffre au trésor de pirate). Thibaut est contre les grandes boîtes à moitié remplies (et nous aussi), surtout à l’heure actuelle où c’est le format de boîte qui détermine le prix du jeu.
L’avenir nous dira s’il a fait le bon choix. Au vu des articles que nous avons lus, la qualité du jeu et du produit, leurs présences sur les divers événements ludiques, je pense que Piratoons va connaître un beau succès (si ce n’est déjà le cas) et que cette décision était la bonne.
J’ai beaucoup aimé cette déclaration de Thibaut « Quand tu as des gens qui reviennent et qui te disent « on aime bien ton jeu », sincèrement je m’en rendais pas compte mais c’est… touchant, c’est hyper touchant ».
Quelle est sa définition du jeu de société…
« L’opportunité de pouvoir offrir un temps qui s’arrête. Durant une partie de jeu, en quelque sorte le temps s’arrête en fait pour moi. Ce que j’ai vécu juste avant n’existe plus, et je ne pense pas à ce que je vais vivre après. Je suis dans l’instant présent…avec des gens C’est un moment magique. »
« L’opportunité de s’offrir un temps à partager ensemble et arrêter un petit peu la course d’avant et d’après le jeu. »
Quelques faits intéressants que nous avons appris…
# Un second jeu est en préparation avec Olivier Grégoire, on ne vous en dira pas plus mais en tout cas, on a hâte de voir ce que ça va donner.
# 2015 est une année fort chargée avec la promotion de Piratoons. On peut dire que le succès est au rendez-vous et que les démonstrations s’enchaînent.
# Act in Games va probablement ouvrir ses portes à d’autres auteurs, quelques prototypes ont déjà été reçus… à suivre donc.
# Fishing Cactus, suite à la sortie du jeu de plateau Piratoons, envisage de relancer la partie jeu vidéo… affaire à suivre également.
Sacré personnage que ce Thibaut, il n’arrête pas une seconde. Nous le remercions pour le temps qu’il nous a consacré et surtout pour sa sympathie. Nous espérons que Piratoons obtiendra le succès qu’il mérite une fois, personnellement je suis conquis. On a hâte de connaître la suite de l’aventure Act in Games. Nous lui souhaitons bon vent.
Cowmic