Ca y est, il est sorti en Belgique ! Précipitez-vous, Dreams est en boutique et il n’y en aura pas pour tout le monde !!!
Heu, excusez-moi, je m’emballe…
Reprenons au début.
Dreams est un jeu de Olivier Grégoire sorti à Essen 2016 chez Zoch. Malheureusement, jusqu’ici, il n’était pas possible de l’acquérir en Belgique. Je vous passe les détails, mais en gros, il n’y a pas eu de tirage du jeu en version uniquement francophone pour des raisons qui son propres au secteur ludique et au domaine des droits d’édition. Le choix éditorial, qui a pour conséquence le prix, fait évidemment partie du problème. Heureusement, la version de Zoch est multilingue et après une longue attente, une livraison unique du jeu est disponible en boutique. Vous retrouverez la liste des boutiques où celui-ci est disponible en bas de cet article. FONCEZ PAUVRES FOUS, il n’y en aura pas pour tout le monde.
Dreams, le pitch…
Alors que les dieux étaient réunis dans les grandes salles du temple baignées de lumière pour contempler l’obscurité du ciel, il leur vint une idée divine :
« Ne serait-il pas fantastique d’offrir aux hommes des images, des visions et des rêves ? »
Les dieux commencèrent alors à illuminer le ciel de constellations.
Soudain, ils remarquèrent que les portes du temple étaient restées grande ouvertes.
Se pouvait-il qu’un simple mortel se soit glissé à l’intérieur ?
Avait-il l’intention de découvrir l’œuvre des dieux, voire d’en tirer profit personnellement ?
Les dieux décidèrent de découvrir qui s’était caché parmi eux. Ils choisirent donc une vraie vision et trois mirages. Ensemble, toutes les « personnes » présentes durent placer les étoiles dans le ciel, de manière à ce que tous les dieux puissent y reconnaître la vraie vison. Seul le mortel devrait répartir ses étoiles dans le firmament, au hasard et sans inspiration divine.
« La vraie vision restera un mystère pour lui, ce qui le trahira. »
Et c’est ainsi que les dieux entamèrent le jeu…
Dreams, c’est quoi ?
C’est un jeu qu’on pourrait ranger dans la même catégorie que Dixit, un jeu qui fait appel à votre imagination.
Nous incarnons des dieux, parmi nous s’est glissé un simple mortel, mais lui seul sait qu’il n’est pas un dieu…
Le principe est donc assez simple. Un ovale sert d’aire de jeu. 4 cartes contenant une illustration sont tirées au hasard et disposées à côté de l’aire de jeu. 3 d’entre elles sont des mirages. Seuls les dieux savent quel rêve est la vrai vision et ils devront illustrer celle-ci sous la forme d’une constellation au moyen d’étoiles. Ils ne devront pas le faire trop ouvertement, car cette vision doit rester cachée du mortel. Celui-ci essaiera de reconnaître la vrai vision pour faire semblant de participer à la création de la constellation de manière convaincante et ainsi ne pas être démasqué.
Les dieux essaieront de retrouver l’humain. L’humain quant à lui essaiera de découvrir quelle est la carte qui devait être représentée. Les dieux essaieront évidement que la carte ne soit pas découverte et l’humain tentera de conserver son identité secrète.
Chacun marquera des points sur la voie des dieux en fonction des différentes situations et le joueur qui aura le plus progressé sur cette voie remportera la partie.
C’est subtile et surtout fort poétique.
Dreams, le matériel et sa mise en place…
On installe le firmament au centre de la table, c’est un playmate ovale en néoprène.
On place, de chaque côté de celui-ci, les deux parties de la voie des dieux.
Chaque joueur choisit une couleur parmi les 6 disponibles. Il prend le disque de vote de la couleur correspondante et place le croissant de lune de sa couleur sur le zéro de la voie des dieux (lors de la première partie, il faudra assembler les disques de vote, les instructions sont claires). Il reçoit également 3 étoiles : 1 blanche, 1 grise plus grosse et 1 noire.
On forme ensuite 4 piles avec les jetons dieux. Chaque pile doit contenir les jetons avec le même nombre (de 1 à ) et être composée d’un jeton de moins que le nombre de joueur. On ajoute ensuite à chaque pile un jeton mortel.
On garde les marqueurs de 1 à 4 à côté du plateau.
On mélange les 74 cartes rêves joliment illustrées par plusieurs artistes différents, on en reparlera plus loin.
Dreams, comment ça marche ?
Une partie se déroule en plusieurs manches où chacune est composée de 5 phases :
– Retournement des rêves ;
– Attributions des rôles ;
– Placement des étoiles ;
– Vote et révélation ;
– Marquage des points sur la voie des dieux.
On retourne 4 cartes rêve, on forme un carré et on attribue à chacune un des marqueurs allant de 1 à 4. Les cartes sont donc maintenant identifiées avec un numéro. Les cartes sont placées en haut de l’ovale du firmament et avec une orientation qui correspond, en effet l’illustration sur la carte se trouve également dans un ovale.
Les 4 piles de jetons dieux sont placées au centre de la table. Tous les joueurs ferment les yeux sauf un. Celui-ci permute 2 piles de jetons dieux. Il ferme les yeux et le joueur suivant les ouvre et effectue la même manœuvre jusqu’à ce que chacun ai permuté 2 piles de jeton. De cette manière, plus personne ne sait quel numéro est dans les différentes piles de jetons.
Le dernier à avoir fermé les yeux choisit une pile et distribue les jetons face cachées à chacun. Les joueurs prennent alors connaissant du jeton reçu. Les dieux savent alors le numéro du rêve qui correspond à la vision, tandis que l’humain ne la connait pas.
Le joueur qui a distribué les rôles commence. Il pose une étoile sur le tapis. Puis c’est au joueur suivant et ainsi de suite. Chaque joueur a le choix de l’étoile qu’il pose parmi les 3 qu’il possède et bien évidement, il la pose où il veut sur le firmament. Tout placement est définitif. Lors du 2èmetour, les joueurs n’auront plus le choix qu’entre 2 étoiles. Et au 3ème, il ne pourra poser que celle qu’il lui reste.
Le placement des étoiles a pour but de marquer les détails les plus remarquables de l’illustration de la carte et ce pour représenter certains points de la vrai vision. Ce qui évidement est compliqué pour le mortel qui ne sait pas quelle carte il doit représenter.
Il faut donc être attentif quand vous êtes un dieu, que votre regard ne traîne pas trop sur la carte vision…
Exemple 1 :
La carte 2 est celle qu’il faut faire deviner :
Les joueurs placent leurs étoiles à tour de rôle pour en arriver à cela :
Si on compare :
La grosse étoile grise du haut peut représenter la planète, et les 2 petits à ses cotés l’anneau de celle-ci. Les grosses étoiles au milieu à gauche, le corps de la créature, et celle juste au dessus noire, l’œil de celle-ci. La grosse étoile en bas, le lit, et la petite transparente le bonhomme dedans. Les 3 petites étoiles noires alignées au milieu pourraient représenter l’horizon. Ce qui nous laisse une étoile en haut à gauche qui ne correspond à rien, c’est probablement le mortel qui l’a posée…
Exemple 2 :
Le rôle du mortel n’est pas évident car les images peuvent présenter des points d’intérêts communs.
Ici les 2 pierres noires ont été posées avant que celui-ci ne doivent jouer.
Il peut poser sa grosse étoile pour représenter le poisson du milieu :
Il peut poser sa grosse étoile pour représenter la grosse planète du milieu :
En fonction de son positionnement, soit il passera pour un dieu, soit il sera démasqué…
Au vu du final, je vous laisse deviner quelle était la bonne solution :
Exemple 3 :
Le « train » réalisé avec mon fils de 2 ans et demi :
Ici, nous avons choisi de symboliser les roues les plus grosses avec les grosses étoiles. Les 2 petites avec d’autres plus petites. Les noires alignées symbolisent l’horizon. Le reste est un peu « free style » par rapport au personnage, son bâton et la fumée. C’est assez marrant qu’en expliquant au petit ce que je faisais (il a été un super assistant), il a de lui-même nommé la carte « train » et voulu placer les étoiles pour les roues. Comme quoi, ça parle de soi-même 🙂
Tous les joueurs votent secrètement en tournant leur disque jusqu’à ce que leur choix soit dans la branche manquante de l’étoile. Les dieux parieront sur la couleur du joueur mortel, quant au mortel, il pariera sur le numéro de la vrai vision.
Le mortel vote pour une carte donc un numéro :
Les dieux votent pour un joueur donc une couleur :
Une fois que tout le monde a voté, les joueurs dévoilent leurs disques en même temps et retournent leurs jetons dieux.
- Marquages des points sur la voie des dieux :
Le mortel marque 3 points si personne n’a parié sur sa couleur (il n’a pas été démasqué) et 2 s’il a parié sur le numéro de vrai vision (il a donc bien déchiffré la vision des dieux).
Chaque dieu marque 2 points si il a parié sur la couleur du mortel (il l’a démasqué) et 1 si personne n’a parié sur sa couleur.
Ces points sont ajoutés sur la voie des dieux en déplaçant la demi-lune de la couleur du joueur.
Exemples :
Ici, la carte vision était la 2.
Le mortel (bleu) l’a découvert donc 2 points car il a parié sur la bonne vision mais pas de point supplémentaire car il a été découvert par jaune et rouge.
Le dieu vert marque 1 point car personne n’a parié contre lui.
Le dieu jaune marque 1 point car pas indiqué par les autres et 2 points pour avoir découvert le mortel.
Le dieu rouge marque 2 points pour avoir découvert le mortel mais pas de point supplémentaire car il a été indiqué par vert.
Ici, la carte vision est la 2 également.
Le mortel n’a pas parié sur la bonne carte, il ne remporte donc pas de point pour ça, par contre personne n’a parié sur lui, il remporte donc 3 points.
Mes dieux bleu et jaune ne marquent pas de point car n’ont pas trouvé le mortel et ont été désigné par d’autres dieux.
Rouge remporte 1 point car personne n’a indiqué sa couleur.
Les points sont indiqués au moyen des lunes sur la voie des dieux :
Si personne n’a atteint 16 points, la partie continue. Chacun reprends 3 étoiles, les cartes rêves utilisées sont mises de côté, les jetons utilisés à ce tour son rempilés face cachée et mélangés. Le premier joueur passe au joueur de gauche de celui du tour précédent et on recommence les 5 étapes.
- Fin de la partie et vainqueur :
La partie s’arrête une fois qu’à la fin d’une manche, un joueur a atteint 16 ou le dépasse. C’est celui le plus avancé sur la voie des dieux qui l’emporte.
Dreams, ça rend comment ?
Avouez que, juste en voyant la couverture de la boîte, ça donne envie. Dans le style, c’est une de mes préférées.
Le tapis en néoprène est super agréable à jouer, mais un plateau en carton aurait fait l’affaire (et fait baisser le prix). Les petites étoiles sont sympathiques et j’aime le fait qu’il y ait 3 couleurs et 2 tailles différentes.
Les illustrations sont superbes. Et vous avez en prime droit à 8 illustrateurs différents. Ce qui donne évidement des styles différents. Comme dans Dixit, ces cartes font le jeu à elles seules.
Parmi les illustrateurs, on retrouve le célèbre Miguel Coimbra de 7 Wonders & Smallworld, entre autre…
Les disques sont pratiques, attention par contre de ne pas les faire pivoter quand vous êtes au moment de la révélation.
Bref, du bien beau matériel, une très belle édition. Même si pour moi, la boîte est trop grande pour ce qu’elle contient (oui je sais, je remets de nouveau du pétrole sur le feu avec ces histoires de tailles de boîtes mais on y consacrera prochainement un article complet).
Les 8 illustrateurs différents en une seule image :
Dreams, notre avis…
Avant tout, autant être honnête, je connais Olivier Grégoire qui nous propose ce jeu. Auteur de Piratoons et Aya, entre autre. C’est quelqu’un que j’apprécie et j’ai été fort chagriné que ce jeu mette aussi longtemps à arriver (malheureusement en quantité limitée) dans nos boutiques. Je suis donc ravi d’avoir enfin pu écrire cet article. Voici donc mon avis.
Personnellement, j’adore (et pourtant, on est loin de mon terrain de jeu de prédilection). Si vous aimez par exemple Dixit, ce jeu est fait pour vous (on peut aussi parler de Mysterium).
Quand on reçoit l’explication et qu’on voit la première fois les cartes rêves, on se dit « mais comment veux-tu que je représente ça avec ces 3 fichues étoiles en plastique ? ». Et c’est normal je pense. Mais essayez et vous verrez, ça se met en place tout seul. En quelques manches, vous serez complément immergé dans la partie. Des argumentations feront d’ailleurs souvent débat lors de la révélation et cela apporte encore plus de convivialité au jeu.
Ce n’est pas le jeu qui plaira à tout le monde par contre, et certaines personnes ne rentreront pas du tout dedans. La représentation avec les étoiles sur le firmament est quand même totalement abstraite. Je ne saurais pas décrire le profil du joueur qui aimera ou n’aimera pas, y a pas de formule magique.
Mais lors de la dernière soirée DJUF, j’ai aiguillé plusieurs personnes au feeling vers la table qu’Olivier animait en totale improvisation et j’ai pu constater que les personnes l’essayant y prenaient beaucoup de plaisir et arboraient de beaux sourires. Donc, si vous avez l’occasion de l’essayer, faites-vous votre propre idée, c’est toujours la meilleure chose à faire.
Vous prendrez aussi beaucoup de plaisir à regarder les cartes, il ne sera pas rare que quelqu’un demande à prendre une carte en main pour en voir plus de détails (et ce non pas dans l’intérêt de la partie mais pour son plaisir visuel).
Petite remarque, ça se joue de 3 à 6 joueurs et pas de mode duo.
Ce jeu fera appel à votre imaginaire et la manière dont vous voyez les choses influenceront forcément le placement de vos étoiles. J’ai un souvenir d’une partie durant laquelle 2 dieux se chamaillaient sur ce qui pour chacun d’eux était le point d’importance de l’image à représenter. Ou encore de personnes plaçant systématiquement les étoiles au mauvais endroit car elles n’arrivaient pas à mettre à l’échelle un point de la carte par rapport au firmament « – t’as voulu représenter quoi par cette étoile ? – ben l’arbre pardi ! – heu t’aurais dû la mettre 10 cm plus haut ton étoile alors :p ». Bref, des situations cocasses… en fait, à vous en parler, je me rappel de bons moments.
Le choix éditorial donne un prix boutique assez élevé, comptez 40 à 45€.
Ce qui explique pourquoi vous ne le retrouverez que dans peu de boutiques et pas en énorme quantité.
Et là, j’adresse mes sincères remerciements à ces boutiques qui rendent ce jeu disponible. En voici la liste des points de vente qui ont été approvisionnés avec le lien vers le site internet.
Filigranes à Bruxelles
Jeux de nim à Enghien
Si vous en voulez un, je ne peux que vous conseiller de foncer, y en aura pas pour tout le monde.
Peut-être que si l’engouement est important, il y aura une seconde livraison…
Bon, faut que je vous laisse, j’ai envie d’y rejouer, faut que je trouve des joueurs.
Mais avant de partir, je voulais juste féliciter encore Olivier pour son bon jeu et lui souhaite beaucoup de succès pour les prochains à venir.
Direction le pays des rêves une fois.
Cowmic
Fiche technique :
Joueur : 3 à 6
Age : 10+
Prix : 40 à 45€
Edition : Zoch
Auteur : Olivier Grégoire
Illustrateurs : Miguel Coimbra, Tina Kothe, Victor Boden, Giulia Ghigini, Alexander Jung, Matthias Holländer, Timo Kümmel, Tobias Schweiger
Dreams à la soirée DJUF #2 :